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Les protestants des 13e et 5e arrondissements de Paris. Temple de Port Royal & Maison Fraternelle

- LA TERRE ET LE CIEL -

Intervention de Robert Philipoussi du 17 janvier 2015 dans le cadre des rencontres "SUR LA TERRE COMME AU CIEL"



SUR LA TERRE COMME AU CIEL

 

Merci, je suis vraiment très heureux de ce qui arrive dans cette Maison Fraternelle.

Voici donc ma contribution à la présentation de nos rencontres mensuelles.

 

Autour de la formule sur la terre comme au ciel , je vais monter ou je vais descendre du global au particulier, par en enchâssement de questions et de réponses :

Qu'allons nous faire tous les mois ?

Quel est ce présumé écart entre "la terre" et "le ciel" ?

Y a t-il un passage entre les deux ?

Que signifie se référer aux Ecritures ? - question d'une redoutable complexité,

Qu'est ce que la Bible ?

Comment se produit dans son contexte - origine, genre littéraire, structure, réception, utilisation , ce texte de référence qu'on appelle le Notre Père ?

Quelles sont ses caractéristiques principales et ses incongruités géniales ?

Un biais phénoménologique, pour bien comprendre le phénomène de cette prière, pour ne pas d'emblée et directement activer la pente naturelle du fétichisme des "mots".

Tout ça pour conclure par une glissade du mode de l'exposé terre à terre vers une "envolée" . Le tout en vingt minutes !?

 

 

Qu'allons nous faire tous les mois ?

 

De la corrélation. C'est à dire mettre au jour une relation mutuelle entre deux choses qui apparaissent d'abord comme non pas forcément opposées, mais séparées : en tous les cas deux choses qui se situent, dans nos filtres philosophiques ou imaginaires, sur deux plans différents.

 

Ici, tous les mois (nous qui viendrons ici serons des militants - des militants de quoi ? - des militants de l'intelligence, c'est à dire de l' aptitude à relier des éléments qui sans elle resteraient opposés, séparés, ou qui flotteraient éternellement sur deux plans différents), nous avons donc l'intention de faire sérieusement de la corrélation entre du matériau biblique d'une part, et des questions dites sociétales et politiques d'autre part.

 

 

Quel est cet écart entre la Terre et le Ciel ? Y a t-il un passage entre les deux ?

 

Déjà, quel meilleur titre que "sur la terre comme au ciel pour exprimer notre projet de corrélation , le "comme" ici étant un des ponts possibles de cette corrélation, de cette relation mutuelle.

Et quoi de plus séparés, dans le réel, ou la perception que l'on s'en fait, que la "terre" et "le ciel" ? Quoi de plus problématique aussi quand un enfant qui voit son grand père en train d'être inhumé, entend simultanément qu'il est au ciel. Cela le rassure-t-il ou le plonge-t-il dans un torpeur paradoxale ? S'agirait-il de notre même torpeur, quand religieusement, nous naviguons constamment entre les deux catégories, par "sauts", plutôt que par lien ?

 

Notons cette volonté acharnée dans les religions aux dieux personnels de combler cet espace-temps théorique, par des cohortes d'anges montants et descendants, des échelles, des fils de Dieu, ou dans des sphères plus conceptuelles, par des théories politiques, par des règles religieuses on va dire ascensionnistes, ou par toutes ces utopies de fatalité ou d'intentionnalité.

Comme si nous avions établi cette séparation tout en laissant le soin à notre inconscient collectif générateur de mythes et de légendes et de concepts de sous-dire que ce n'était pas si séparé que ça.

L'humain est un être intentionnel . D'ailleurs j'aimerais bien que dans le débat qui suivra, une des premières questions soit : mais quel est votre intention en faisant ces débats mensuels, quel est votre ciel ? Votre au-delà intentionnel ?

 

Dans notre intentionnalité souvent un peu aveugle, nous qui ne serions rien d'autre que des praticiens de l'existence , sait-on réellement de quoi on parle, quand on dit ou quand on nous dit "ciel" mais aussi quand on dit ou quand on nous dit "terre", sait-on si nos représentations de l'espace théorique entre "la terre" et "le ciel" peuvent correspondre à celles des autres ?

Si mon ciel par exemple est mon ici et maintenant, comment vais je me plaire en la compagnie de celui pour qui les lendemains chanteraient ailleurs ? Vais-je me laisser entrainer avec lui dans sa tentation d'exil ? Dans sa chronique ? Vais-je le laisser dévaster ma maison avec son ciel ? Qui va tuer l'autre ?

 

Voici donc cette séance d'introduction à notre parcours de nuit dans le désert, mais aussi dans le tumulte, toujours entre des naissances, et des morts, des renaissances.

 

Que signifie se référer aux Ecritures?

 

Cette corrélation, entre ici et là-bas ou là haut, on la fait depuis toujours. Depuis que l'humain a inventé des procédés pour déjà et souvent sans qu'il s'en doute , se parler à lui-même, en se figurant - peut-être à raison - que l'extérieur venait lui parler.

 

A un moment, parmi les procédés, des récits sont arrivés, à l’intérieur desquels des personnages agissent, interagissent, parlent. Puis rapidement, l'oubli du ferment originel de ces récits a fait son oeuvre, sans que les récits eux-mêmes, leur structures, disparaissent. C'est à ce moment là sans doute que ces récits, bizarrement se sont mis à dire, du moins, ceux qui les entendaient avaient l'impression que ces récits disaient quelque chose (comme toi quand tu me dis quelque chose, ce que je dois faire, ou ne pas faire, quand tu veux dire et que je me demande ce que ça veut dire).

Ces récits -sans doute venus du collectif et dès lors considérés comme animés d'une volonté de dire se sont regroupés ensuite dans des objets saisissables avec les mains et les yeux, et ont été saisis .

D'abord par des clercs, par des enseignants , des interprètes - saisis par des huissiers donc, ceux qui sont à la porte - et finalement, par le biais des réformes et des traductions, par potentiellement n'importe qui, et se sont transformés en viatique entre on va dire - la terre, là où nous sommes, et des cieux, des cieux multiformes, on va dire des au-delà de notre situation présente et locale avant que nous trouvions ces objets à saisir.

Ceux-là sont bien des portes- gérées ou non pas des huissiers - des portes lumineuses que nous traversons pour que ces dires de l'au-delà de notre champ puissent nous atteindre , ou des portes dont nous nous saisissons souvent en prétendant qu'elles nous auraient d'abord saisis, pour aller dire aux autres, les dires de l'au-delà de ces portes.

Je parle donc là du phénomène complexe de la référence aux Ecritures Saintes !

 

Saintes ? Saintes ou pas d'ailleurs. En lisant n'importe quelle forme de littérature symbolique, y compris biblique, ou en écoutant quelqu'un que nous avons autorisés à nous en parler, nous écoutons un au-delà - qui a une qualité présumée , c'est qu'on y est mieux qu'ici-bas, même si cet au-delà est un après une catastrophe que notre condition actuelle nous ferait mériter. Ou du moins, on va traverser cette porte avec cet a priori là. Que ce qui se dit derrière la porte est un augment positif par rapport à ce que nous percevons de notre situation.

 

Il existe sommairement 3 modes de traversées.

 

Le premier est constitué par la croyance que le livre, en particulier le livre considéré comme sacré ou l'huissier pervers du livre, dit exactement ce que l'au-delà dit. C'est le mode le plus dangereux. L'année dernière, je vous aurais dit "pas la peine de vous faire un dessin" , aujourd'hui je vous dis : " pas la peine de mort pour vous avoir fait un dessin".

 

Le deuxième mode est à l'opposé, mais il est digne d’intérêt anthropologique.

Parfois la lucidité (ou une présumée incompétence spirituelle) fait que nous savons que ceux qui parlent là dedans, c'est quand même encore une fois nous mêmes. C'est toujours notre sphère, même étendue.

Les fragments de mythes qui s'y développent nous renseignent plus sur notre inconscient que sur l'au-delà. L'exemple frappant sont dans la Bible sont certaines personnalisations de Dieu, qui semblent nous offrir un miroir sans faille sur notre narcissisme, notre violence, notre désir d'appropriation, notre fragilité émotionnelle, notre orgueil, notre capacité embarrassante d'aimer avec passion, ou que sais-je à propos de ce "Moi" étrange qui parcourt la Bible, comme un tuteur irascible et passionné de notre humanité bégayante.

 

Le troisième mode pourrait-être le nôtre.

Nous pouvons vouloir traverser cette porte avec la croyance sincère que ce qui parle là dedans, vient vraiment d'un au delà de nous même, des "cieux".

Cette confiance ne s'épanouira néanmoins pas, et heureusement pas , dans la confusion entre le "Dieu" qui dit au travers de l'acte de lecture d'un texte, et le personnage Dieu qui éventuellement parle dans le texte.

Cette nuance, qui permet l'adhésion spirituelle à un livre, sans sombrer dans le premier degré , est nécessaire si on veut se préserver de l'idiotie au sens clinique, de la possession par les prétendus sachants, et de la mort violente par le moyen d'hystérisés par leur conviction narcissique.

Donc, oui, on peut, si l'on veut, penser que Dieu parle , pas forcément comme un dictateur à des dictaphones, mais qu'il suggère , au travers de l'acte de lecture de la bible. Mais il faut maintenir du jeu , parce que le Dieu personnage ne sera jamais la couverture possible du l'interprète narcissique et surdoué de la manipulation, l'huissier.

 

Donc la formule est subtile pour se référer à l'écriture , pour activer le lien entre "ici" et "là bas" "entre " la terre " et "le ciel" entre "maintenant " et "demain". Subtile parce que mixte. Certes, on ne va pas croire que notre façon de lire les Ecritures va nous permettre d'entendre "le ciel" d'une façon pure, mais on va quand même se dire que "celui qui parle de son ciel" s'incarne dans cet acte de lecture.

 

 

Qu'est ce que la Bible ?

 

Alors là nous avons cet objet , cette Bible, qui a beau être une collection de livres, puisque biblia qui a donné bible est un pluriel, est quand même un livre relié , d'une main humaine qui a fait dire que tout cet assemblage de textes disparates dans leur formes, genres littéraires, époques formeraient une unité . Cela du moins, nous invite à y penser, et aussi à penser à envisager que cette unité existe aussi dans notre univers ambiant, disparate, mais peut-être relié par un fil.

Cette sensation du "fil" est propice donc au travail de la mise en lumière de la corrélation. C'est un travail pas évident, car voilà, il faut faire un effort. C'est plus facile de sauter d'un monde à l'autre que d'arpenter un chemin. Du moins, c'est plus facile pour notre psychisme.

Dans ce livre relié comme un pari, un challenge, (et si tout était relié ?) il y a deux livres eux mêmes reliés et disparates à vue de nez , appelés chacun et malencontreusement ancien testament et nouveau testament.

Dans ce nouveau testament , il y a quatre livres officiellement d'un même genre littéraire appelés "évangile". C'est un nom que les premiers croyants au Christ ont piqué à la culture ambiante. L'évangile étant d'abord l'annonce d'une victoire militaire : cf un certain Philippidès, rescapé de la bataille où les grecs avaient vaincu les Perses, "joie à vous, nous sommes vainqueurs". C'est le même état d'esprit que l'évangile du Christ. Le messager meurt . Et le Marathon, c'est la Passion. Cet évangile est devenu un genre littéraire . La tradition en a conservé quatre dans le canon, dont trois qui se ressemblent, et dans deux de ceux-ci, il y a celui de Luc et celui de Matthieu qui enchâssent dans deux récits différents les conseils de Jésus pour prier.

 

Comment se produit dans son contexte ce texte de référence qu'on appelle le Notre Père ?

 

 Matthieu situe le Notre Père dans le contexte du grand Discours de Jésus sur la montagne , au chapitre 6

Dans la version de Matthieu, qui s’adresse à des chrétiens d’origine juive, le contexte est celui d’une vive discussion qui oppose Jésus aux pharisiens. Jésus leur reproche d’agir comme des « hypocrites » et d’aimer prier dans les synagogues et les rues de manière ostentatoire (6, 1-8). En contraste, le Notre Père est donné comme l’exemple d’une prière vraie.

Le contexte de Luc est un peu différent. Dans l’Évangile de Luc, destiné à des chrétiens grecs d’origine païenne, cette prière vient en réponse à la demande d’un disciple : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples » Le passage qui précède relate l'accueil de Jésus chez Marthe et Marie, avec leur fameuse pseudo opposition " Marthe aurait les pieds sur terre, et Marie aurait la tête dans les étoiles". Le texte qui suit parle de prier sans jamais se lasser.

 

 

Il faut noter là des différences entre saint Matthieu et Luc. 7 demandes chez Matthieu , 5 chez Luc où manquent : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » et « Délivre-nous du mal ». En outre, Luc ne dit pas Notre Père, mais seulement Père.

Dès lors, puisque Luc ne dit pas Notre, ni ne parle ni des cieux, ni de la terre, nous resterons arbitrairement concentré sur la prière de Matthieu, qui de plus ne serait pas forcément une version "engraissée" de la version "maigre" de Luc, mais peut-être une version plus ou moins originelle, qui aurait été carottée par les rédacteurs de l'évangile de Luc.
Cette prière qu'enseigne Jésus à ses disciples nous la connaissons donc sous trois versions : la version de l'évangile selon Matthieu, qui a les faveurs liturgiques, celle de Luc, et celle qui figure dans le texte appelé la « didaché » qui servait à la fin du premier siècle de notre ère ou au début du deuxième, à enseigner des juifs qui avaient la particularité à cette époque d'avoir trouvé en Jésus de Nazareth leur Messie.

 

Passons rapidement sur d'autres notions importantes mais que vous devez déjà connaitre

Oui, cette prière est fortement marquée par une très ancienne prière araméenne de la liturgie synagogale, le Kaddish (saint), dont le centre est une bénédiction :

que soit magnifié et sanctifié Son Grand Nom (notez la troisième personne et pas le seconde personne) dans le monde qu'il a créé, selon sa volonté et qu'il fasse régner son règne de votre vivant et de vos jours

Mais cela n'est pas étonnant. Mêmes se distinguant de la synagogue, les premiers croyants au Christ n'envisageait surement pas l'existence d'un quelconque christianisme, et il faudra inlassablement répéter que toute cette bande des auteurs du nouveau testament (à l'exception sans doute de l'auteur de l'évangile de Jean) se vivaient comme des héritiers de la Torah, et donc peuvent être considérés comme des juifs.

 

 

Quelles sont ses caractéristiques principales et ses incongruités géniales ?

 
A propos de "Père"

Rappelons quand même que si l'idée d'un Dieu père était très présente dans le proche orient ancien et dans les religions de l'antiquité pour désigner des dieux, chez les Babyloniens, les Hittites, les Egyptiens, comme elle semble être naturelle chez les chrétiens - personnellement j'ai toujours eu un peu de mal - les auteurs de l'ancien testament eux n'ont appelé Dieu père que 16 fois, chez les prophètes, certains Psaumes, et la littérature de sagesse : ce qui fait peu.

En revanche, Jésus lui, semble ne pas hésiter. Ce qui a quand même introduit une extraordinaire innovation. Nous n'en avons pas conscience, mais dire Père, ou plus affectueusement "abba", c'est parler encore d'une distance respectueuse, mais plus d'une distance insondable.

Dire Père, à cette époque, c'était un peu déjà faire du "sur la terre comme au ciel".

Mais il y a deux problèmes.

1) Dans la culture romaine, le pater familias, c'est celui qui avait le pouvoir de vie ou de mort sur sa maisonnée. Il est évident que cette transformation de Dieu en Père a peut-être eu l'effet pervers de conforter ce rôle. Heureusement qu'il y a ce mot araméen "Abba" qu'on ne dit pas à celui qui manifeste son pouvoir de vous tuer.

 

2) Et l'autre problème c'est qu'aujourd'hui, en disant Père, on ne sent plus ce mouvement de descente de Dieu. Alors que faudrait-il dire ? Je n'en sais rien, mais en tous les cas pas Père. Même si l'horrible figure du pater familias a disparu, en tous les cas de nos contrées, l'intention, louable, de faire descendre Dieu de son côté "je refuse toute forme de relation humaine" n'est plus sensible avec ce type de figuration.

 

Exigence

 

Une autre remarque d'ensemble sur cette prière : c'est une prière de demande. Voire même d'exigence, envers Dieu. Ce n'est pas une louange bien que le début y ressemble. C'est une prière de demande urgente et messianique forte. Nous oublions cette force, nous nous la rappelons quand nous entendons bien la force : que ton règne vienne - enfin, que ta volonté soit faite - enfin - donne nous aujourd'hui notre pain - pardonne nos offenses- enfin - ne nous laisse pas dans la tentation , délivre nous du mal - enfin !

Quelle est cette façon comminatoire de donner ainsi des ordres à Dieu ? Cette exigence là il faut vivre chaque fois que nous disons cette prière.

Incongruités

 

Ensuite, il y a un double paradoxe dans cette prière qu'il faut saisir pour en exprimer la saveur.

1) Jésus dit de ne pas faire comme les pharisiens en annonant des phrases, et dit aux gens d'aller dans leur chambre pour y découvrir Dieu sans son secret, or il se trouve que cette prière est devenue une pratique liturgique, et hélas, statistiquement doit être annonée plus que de raison comme un mantra.

 

2) C'est une prière qui est censée se dire "seul" dans sa chambre mais qui commence par la formule incongru qui est "Notre Père". C'est comme si avec une bande d'amis vous aviez dans votre jeunesse planté un arbre dans un jardin et qu'un jour des années après vous retourniez seul sur les lieux et disiez , tout seul, devant cet arbre: "Notre arbre", je dis bien en parlant seul. Si vous êtes vraiment seul, ça va, mais si quelqu'un d'autre planqué derrière un buisson, vous entend, là il pourra trouver ça incongru. Il se demandera où sont vos amis, s'ils sont imaginaires.

 

Communion

 

C'est incongru mais c'est la seule façon de dire, qui va vous relier à vos amis, mêmes éloignés, mêmes disparus, mêmes morts, mais pas imaginaires . Dès que vous dites "Notre" vous êtes en communion. Ce Notre ne désigne pas le collectif qui le dit ensemble et à haute voix dans l' assemblée, c'est le "Notre" de la personne seule qui est en communion , et effectivement ce n'est pas la peine de sur-figurer cette communion en s'obligeant à ne la dire qu'en assemblée. Une assemblée n'est pas forcément une communion, est une communion n'est pas forcément en assemblée.

 

Notre - Père : c'est une formule on ne peut plus géniale. Elle est prodigieuse. D'où son succès, je crois.

(malgré les réserves concernant l’intentionnalité disparue de l'utilisation du mot père.)

 

Un "tube"

 

Mais le phénomène le plus remarquable de cette prière est qu'elle ait été connue par coeur par des milliards de gens pendant deux mille ans. Ca, c'est le phénomène qui va bien au delà des mots mêmes de cette prière. Quoi qu’ait pu vouloir les intellectuels qui l'ont placée dans les liturgies, ce n'est pas eux qui ont créé ce "tube" mais il est parti d' un désir extraordinaire du peuple pour se l'approprier.

 

Et pourquoi ? Grâce je le crois à son intelligence et son exigence.

 

D'abord , je suis en communion avec mes frères et soeurs, même seul : je participe d'emblée à une humanité unie, ensuite je dis, en communion que Toi Dieu tu es aux cieux- je ne rajoute pas comme le poète : restez y, que je préfère que tu sois au ciel car ce que je vais exiger de toi et donc aussi de moi par la suite, je ne vais pas le vouloir d' un quelconque personnage providentiel, mais je le veux de Toi, et parce que tu es "aux cieux" , je ne vais pas me faire avoir par d'autres personnes qui comme moi sont en bas, mais qui prétendent venir d'ailleurs. Nous, communion ici-bas, nous nous adressons à toi comme à Un Père qui est aux cieux.

Mais regarde, la communion que nous faisons, chacun, en exigeant que ton Nom ...( Nom c'est à dire toute ta personne , je dis Nom pour ne pas dire ton nom précis , car le dire serait me l'approprier : tu ne serais plus " au cieux " si tu étais dans mon verbe !)

 

Nous exigeons de toi que ton Nom soit "sanctifié" c'est à dire mis à part, c'est à dire protégé, et non pas mis en tête de gondole dans le supermarchés de l'horreur.

Notre communion devant toi exige que Ton Nom reste à part - intraduisible, imprononçable, intact, sinon, tu n'es plus rien et nous n'aurions plus aucun espoir...

 

Nous exigeons que ton règne vienne. C'est à dire qu'après avoir bien dit que tu étais aux cieux, nous te demandons de ne pas y rester comme dans un lieu un séparé et magique, mais de comprendre - au cas où tu ne l'aurais pas compris ( car qu'est ce qu'une prière au fond sinon une volonté que Dieu comprenne ? Et que du coup , nous aussi nous comprenions, en rebond, ce que nous exigeons... de Toi, en communion..)

 

- que nous te demandons que ton règne arrive dans nos contrées encore plongées dans l'obscurité comme celle de cette chambre où je te prie seul mais en communion complète )

 

- au cas où tu n'aurais pas bien compris nous te le redisons sous autre forme, que ta volonté soit faite sur la terre c'est à dire de ce sol d'où je te prie en solitude communiante, comme dans le ciel, où tu es, rappelle toi, je te l'ai dit dès le début, mais j'avais employé le pluriel, maintenant j'emploie le singulier car finalement il n'y a plus qu'un seul ciel, maintenant j'emploie le singulier, car il n'y a plus qu'une seule terre, il n'y a plus qu'un seul espace où notre communion prophétique va - comment dire - se réaliser. Comme au ciel, ainsi sur la terre ou sur la terre comme au ciel - car il n'y a plus de distance et au fond il n'y en jamais eu d'autres que celles crées par notre imaginaire confus.

 

Prier Notre Père , c'est communier de façon prophétique avec la terre et le ciel - prier cette prière vraiment, c'est finir de prier épuisé, renouvelé et confiant dans l'espérance que cette prière a une date, inconnue de nous, de péremption.

 

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