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Les protestants des 13e et 5e arrondissements de Paris. Temple de Port Royal & Maison Fraternelle

"La métamorphose" Prédication du 12 mars 2017. MATTHIEU 17; 1-9

Où le prédicateur nous suggère de voir par dessus ce que l'on voit. Nous évoque l'expérience du "ravissement", pour se mettre en réelle disposition d'écouter ce que D.ieu peut nous dire.



 
GENÈSE 12, 1 À 9   
12; 1 L'Eternel dit à Abram: «*Quitte ton pays, ta patrie et ta famille et va dans le pays que je te montrerai.
2 Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai ton nom grand et tu seras une source de bénédiction.
3 Je bénirai ceux qui te béniront et je maudirai ceux qui te maudiront, et *toutes les familles de la terre seront bénies en toi.»
4 Abram partit conformément à la parole de l'Eternel, et Lot partit avec lui. Abram était âgé de 75 ans lorsqu'il quitta Charan.
5 Il prit sa femme Saraï et Lot, le fils de son frère. Il prit aussi tous les biens et les serviteurs dont ils étaient devenus propriétaires à Charan, et ils partirent pour se rendre dans le pays de Canaan, où ils arrivèrent.
6 Abram traversa le pays jusqu'à l'endroit appelé Sichem, jusqu'aux chênes de Moré. Les Cananéens occupaient alors le pays.
7 L'Eternel apparut à Abram et dit: «C'est à ta descendance que je donnerai ce pays.» Abram construisit là un autel en l'honneur de l'Eternel qui lui était apparu.
8 Il partit de là vers la région montagneuse qui se trouve à l'est de Béthel et il dressa ses tentes. Béthel était à l'ouest et Aï à l'est. Là, il construisit un autel en l'honneur de l'Eternel et fit appel au nom de l'Eternel.
9 Puis Abram continua par étapes en direction du Néguev.

MATTHIEU 17; 1-9 
1 Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques, et Jean, son frère, et il les conduisit à l’écart sur une haute montagne.
2 Il fut transfiguré devant eux ; son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. 3 Et voici, Moïse et Elie leur apparurent, s’entretenant avec lui. 4 Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Elie. 5 Comme il parlait encore, une nuée lumineuse les couvrit. Et voici, une voix fit entendre de la nuée ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection : écoutez-le ! 6 Lorsqu’ils entendirent cette voix, les disciples tombèrent sur leur face, et furent saisis d’une grande frayeur. 7 Mais Jésus, s’approchant, les toucha, et dit : Levez-vous, n’ayez pas peur !8 Ils levèrent les yeux, et ne virent que Jésus seul.9 Comme ils descendaient de la montagne,Jésusleur donna cet ordre : Ne parlez à personne de cette vision, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité des morts.
PRÉDICATION. Robert Philipoussi
Vous êtes donc venu écouter  cette histoire appelée « la transfiguration » ce qui veut  exactement dire « la métamorphose ». Attesté dans les évangiles de Mtt, Marc et Luc,  c'est le récit d'un moment extraordinaire dans la vie de Jésus,   si on peut qualifier d'ordinaire la vie de Jésus. Un récit qui suggère qu'avant ce moment , et après ce moment, ce ne sera pas pareil. 
Ici même, un jour,  j'ai appelé cette expérience «  une expérience du ravissement » . Avec ce que ce mot contient à la fois de merveilleux, certes,  mais aussi de fort, voire  de violent « ravissement, ravir, ravisseur, rapt ». Jésus est ravi hors de  la réalité habituelle. Les disciples sont ravis aussi, dans tous les sens de ce terme, et perçoivent, sur cette montagne, peut-être, et c'est ce que ce texte évidemment suggère, chez leur maître quelque chose d'autre. Quelque chose qu'ils ne voyaient pas auparavant. Quand ils ne voyaient en lui qu'un maître précieux, subtil  puissant, accomplissant des actions extraordinaires, mais qui était quand même quelqu'un comme eux. 
Mais ce texte décrit la possibilité qu'ils ont momentanément de « voir » ce qui est d'habitude caché, ou invisible, ou qu'on ne veut pas voir.  Voir,  ce que je pourrais appeler, faute de mieux- l'aura  de leur maître. Il leur est donné, ou ils se sont donnés la possibilité,  dans ce ravissement, de voir non pas, un au -delà de la réalité, mais plutôt de voir la réalité première   de celui qu'ils suivaient donc depuis le début, disciples fidèles, Pierre, Jacques et Jean, qui comme Abraham, ont tout quitté pour répondre à un appel.
On m'a fait la remarque, une fois,  du caractère oiseux d'une comparaison que j'avais faite pour illustrer ce type d'expérience. Puisque j'avais parlé d'un chien. Oui, plus précisément :du regard d'un chien. Parfois,  vous vous mettez à regarder son regard  et  tout à coup, dans ce regard, vous discernez quelque chose de presque insupportable :  une personnalité, une intelligence, une mémoire, une sagesse, une profondeur, une communication, une personne. Et  puis, vous vous ébrouez un peu, le chien aussi, et ok ce n'est plus qu'un chien. Vraiment ?
 Ou un bébé, qu'on met dans vos bras et qui se met à vous regarder, ok, vous savez qu'il ne perçoit de vous qu'une structure à assembler, mais ...voilà, ce regard, outre que cette fois il s'agit bien d'un être humain, vous surprend par sa force, par son acuité, sa sagesse, sa profondeur, et même sa Vénérabilité ,  terme qui n'existe pas vraiment et  mon correcteur orthographique a aussitôt voulu le  corriger par vulnérabilité. Mais ce n'est pas cette vulnérabilité que vous déchiffrez  dans ce moment d'échange de regard. Vous y voyez l'histoire de l'univers jusqu'à ce moment. Et puis, finalement, il a chaud, il pleure, sa mère le reprend et tout va bien.  Mais vous n'êtes plus exactement le même. Le ravissement ne dure le temps que d'un moment favorable. Que le grec nomme par le mot « Kaïros ».
C'est ce que j'appelle une expérience de ravissement – la permission de saisir, ou de se laisser saisir  dans un moment où la norme des perceptions , en quelque sorte dysfonctionne. C'est un moment où la chronologie est brouillée. Moïse, Elie sont là, non pas parce qu'ils ont été téléportés ou que sais-je mais parce que dans cette éternité révélée par cette expérience, le temps courant n'existe plus. Ils sont là parce qu'ils sont là, tout simplement. Et ils sont là aussi aussi, Moïse qui n'a jamais pu atteindre la terre promise, et Elie qui a été enlevé au ciel sans réapparaître,  pour dire qu'ils ont rejoint enfin la maison. Ils sont là pour dire la réconciliation des temps. Et ils sont là aussi, pour la catéchèse. Pour en utilisant ce texte, expliquer aux gens qui sont Moïse, et Elie.
Je pourrais parler aussi de réalité augmentée. Mais non, là j'évoque un moment de perception de la pleine réalité. Une expérience mystique. C'est ce dont je parle.  Contrairement à ce que l'on croit,  ce type d'expérience n'est pas une échappée hors du réel, mais se comprend mieux comme une entrée dans la réalité profonde, celle que notre cerveau, structuré, éduqué,  en catégories, n'est pas capable, de voir, mais aussi, si cela arrive,  de supporter longtemps.  
Voilà donc ce que l'évangile décrit de ce qui se passe sur cette haute montagne.  Les disciples voit Jésus, voit la réalité, telle qu'ils sont.
Après avoir dit de quoi il s'agissait, continuons pour voir ce que ce récit raconte, ou pour parler plus nettement, vers quoi il engage. 
CES DISCIPLES ne font pas que voir, ils entendent aussi, et d'ailleurs ce récit, vous vous en apercevrez quand vous le relirez,  est un balancement constant entre la lumière et puis le son.  
Et dans la  conclusion de cette expérience, c'est le son qui sera le plus important et qui ramènera à la réalité de tous les jours. Dans un phénomène de descente, et le texte parlera bien de la descente de cette montagne, avec l'ordre de Jésus à ces disciples de tenir l'expérience qu'ils ont vécue, secrète.  La raison est simple. On les prendrait pour des fous.
Ils redescendent dans la réalité courante. Cette réalité qu'il faudra donc, désormais déchiffrer avec ce nouveau critère, à savoir que celle ci, cette réalité quotidienne, n'est qu'une faible part de la réalité première, celle qui a été entraperçue dans ce moment d'effraction, dans cette brèche, par laquelle sont passés de la lumière et du son.
Le son de cette « voix » par exemple. 
La première fois qu'une voix sortie de nulle part s'est faite entendre autour de Jésus, pour le désigner comme le fils bien aimé de cette voix, c'est au moment de son baptême. Dans les début de cet évangile, on entend : 
Et voici, une voix   fit entendre des cieux ces paroles: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection.
Dans notre récit de la métamorphose, la phrase dite par « la voix »  contient une différence. Au moment du baptême, cette voix ne faisait que répéter qu'elle aime ce fils : mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. Mais  ici, la déclaration filiale et d'amour se double d'une injonction qui est écoutez le.
Il s'agirait donc  d'écouter. 
Les disciples étaient désemparés devant tout cela – les autres évangiles qui relatent la même expérience ajoutent que les disciples soit  ne savent pas quoi dire ou qu'ils disent n'importe quoi. Puisque, dans cette expérience, nos mots habituels n'ont en effet plus aucun poids, aucun sens.
Mais après cette injonction de la voix pour écouter Jésus, Jésus dit, leur dit, de sa propre voix : 
Levez-vous, n’ayez pas peur 
Ce récit raconte donc qu'il s'agirait d'écouter, et de cesser d'avoir peur.
D'écouter, c'est le premier des commandements : écoute Israël. Chapitre 6 du livre du Deutéronome. Sans l'obéissance à ce premier commandement, tous les autres ne servent à rien. D'abord, écoute.
Ecoute même que tu dois écouter. Mais si tu n'écoutes pas, tu n'entendras qu'il faut écouter. C'est pourquoi, il faut cette expérience là, de ravissement, pour, finalement se mettre en position de ne pas faire autre chose qu'écouter.  Comme, si au travers de cette effraction, notre habituelle résistance était déverrouillée. Par le ravissement. 
Ecoutez le. Sa voix sera celle qui parle depuis les origines des temps. Celle qui a dit que la lumière soit.  C'est la même voix, et cette voix s'incarne dans de la parole, et cette parole nous dit, ce matin, de nous lever, et nous ordonne, non pas nous conseille ou nous suggère, mais nous ordonne, de ne pas avoir peur.
AMEN
 
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