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Les protestants des 13e et 5e arrondissements de Paris. Temple de Port Royal & Maison Fraternelle

PREDICATION DU 7 JUIN 2015 : "Où ?"



ILLUMINATION 

PSAUME 119.97-106

97Combien j’aime ta loi !Je la médite sans cesse.98Ton commandement me rend plus sage que mes ennemis, car je l’ai toujours avec moi.99J’ai plus de bon sens que tous mes maîtres, car ce sont tes préceptes que je médite.100J’ai plus d’intelligence que les vieillards, car je garde tes directives.101Je retiens mes pieds loin de toute voie mauvaise, pour observer ta parole.102Je ne m’écarte pas de tes règles car c’est toi qui me les enseignes.103Que tes paroles sont douces à ma bouche, plus que le miel à mon palais !104Par tes directives je deviens intelligent aussi je déteste toute voie de mensonge.105Ta parole est une lampe pour mes pieds, une lumière pour mon sentier.106Je le jure, et je m’y tiendrai :j’observerai les règles de ta justice.


LECTURES

Genèse 3

9 Mais l'Eternel Dieu appela l'homme, et lui dit : Où es-tu ?

(Silence)

Marc 14.12-26

Le premier jour des Pains sans levain, le jour où l’on sacrifiait la Pâque, ses disciples lui disent : Où veux-tu que nous allions te préparer le repas de la Pâque ? 13Il envoie deux de ses disciples et leur dit : Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre ; suivez-le, 14et là où il entrera, dites au maître de maison : Le maître dit : Où est la salle où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? 15Il vous montrera une grande chambre à l’étage, aménagée et toute prête : c’est là que vous ferez pour nous les préparatifs. 16Les disciples partirent, arrivèrent à la ville, trouvèrent les choses comme il leur avait dit et préparèrent la Pâque. 17Le soir venu, il arrive avec les Douze. 18Pendant qu’ils étaient à table et qu’ils mangeaient, Jésus dit : Amen, je vous le dis, l’un de vous, qui mange avec moi, me livrera. 19Attristés, ils se mirent à lui dire l’un après l’autre : Est-ce moi ? 20Il leur répondit : C’est l’un des Douze, celui qui met avec moi la main dans le plat. 21Le Fils de l’homme s’en va, selon ce qui est écrit de lui. Mais quel malheur pour cet homme par qui le Fils de l’homme est livré ! Mieux vaudrait pour cet homme ne pas être né.

22Pendant qu’ils mangeaient, il prit du pain ; après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit et le leur donna en disant : Prenez ; c’est mon corps. 23Il prit ensuite une coupe ; après avoir rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. 24Il leur dit alors : C’est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour une multitude. 25Amen, je vous le dis, je ne boirai plus du produit de la vigne jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu.

 

26Après avoir chanté, ils sortirent vers le mont des Oliviers.


PREDICATION

L’évangile de Luc rapporte cette parole de Jésus :


 

Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas un lieu où il puisse reposer sa tête.


 

Parlait-il de lui ? Parlait t il du Fils de l’Homme, cette figure mythique de celui qui allait Venir, ou parlait-t-il simplement de cet humain, désigné dans sa filiation pour bien montrer qu’il est d’abord un élément d’une chaine, fils de l’homme ou fils d’homme, toi moi, avons-nous réellement un lieu pour reposer notre tête ? Non pas pour se détendre, ou pour dormir, déjà ce serait bien, des millions de migrants ou d’exilés ou de réfugiés n’ont pas ce lieu là, ce lieu pour reprendre leur souffle... mais un lieu pour réellement reposer sa tête... Mais la réalité de l'humain que nous sommes est ainsi, nous ne connaissons pas le repos, de notre naissance à notre mort, nous sommes et restons, avec une plus ou moins grande intensité...à l'affut. En travaillant, en dormant, en mangeant, en vacances. Tout ce que nous savons parfois faire, c'est reprendre des forces, quand , par chance , nous avons pu nous mettre un moment à l'abri. Mais même à ce moment là, nous restons à l'affut.


 

A l'affut, tout simplement parce que depuis le plus profond de notre histoire génétique, nous sommes ou nous nous sentons, en danger... Même d'une façon imperceptible, nous sommes toujours prêt à réagir...

Contrairement à ce que l'on pense le plus souvent, la religion a toujours voulu parler à l'humain du plus profond de sa condition. L'humaine condition ayant d'abord été constituée par le déplacement incessant de clans sur des routes dangereuses, la religion, la nôtre par exemple a raconté l'histoire de cet humain comme un semi nomade, toujours en train de s'embrouiller avec d'autres clans pour des histoires de territoires. Si bien qu'il devenait finalement assez rassurant de trouver dans cette littérature religieuse, un miroir.

Atténuer la peur de vivre, trouver de la nourriture, s'organiser, étancher sa soif, se détacher de l'accablement du désir, se laver - ou se purifier - avoir raison contre tous, désigner des ennemis tous ces problèmes essentiels de la condition humaine ont trouvé des miroirs dans la littérature religieuse et dans les rites associés. Avec, en plus, l'invention de la prière comme plainte contre cette mystérieuse condition conçue comme un malheur inexplicable.


 

Voilà donc pour cette introduction qui marque d'abord que la religion, sa nécessité n'a rien à avoir avec la spiritualité, l'élévation vers Dieu ou que sais-je. La première objectif de la religion est de convenir de cette condition humaine là, la condition d'un semi nomade, en permanence en situation de conflits et de guerre, vivant dans une peur plus ou moins grande et devant sans cesse marcher. La religion en tant que telle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est un miroir sans réflexion tendu vers nous , par nous et pour nous, pour que nous puissions assumer cette condition, avec en plus , la génération d'un espoir que cette incessante course, un jour, quelque part, cessera enfin.

Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas un lieu où il puisse reposer sa tête.


 

Mais c'est à ce moment là qu'il faut faire un choix. Décider pour soi si l'évangile que nous proclamons, dont nous nous réclamons est du côté de la religion, c'est à dire qu'il serait encore une liste de formules et de rites destinés, encore une fois à nous aider à nous habituer à nous mêmes, ou si cet évangile est autre chose, quelque chose de différent, de différent de la religion, de cette religion descriptive, de cette religion béquille, de cette religion métaphore, de cette religion comme abri des plantes, de cette religion qui dans le laps de temps qui nous est donné définit qui doit faire quoi, qui doit être où, qui est dedans ou dehors, qui est ami ou ennemi, qui mérite le malheur ou pas, qui est de Dieu ou n'est pas de Dieu.


 

La plupart des chrétiens d'ailleurs ne s’intéressent pas du tout à cette question que je commence à traiter devant vous ce matin - question pourtant éminemment traitée par d'éminents théologiens- la plupart des chrétiens envisagent l'évangile comme un lot supplémentaires de formules destinées à nous aider à vivre, nous qui encore une fois, somme ces animaux hantés par leur propre condition, à l'inverse des autres animaux, comme les oiseaux du ciel...la plupart des gens, croient que l'évangile fait partie de la religion. Et c'est un fait que dans les manuels scolaires qui en parlent, ou du point de vue de la République, ou du point de vue des tenants d'une autre religion, ou du point de vue de n'importe quel exposé thématique expliquant ce qu'est ce fameux évangile, ça ne fait pas un pli, l'évangile c'est un élément d'une religion qui s'appelle le christianisme.


 

Or, si on veut faire un pas de plus, mais qui est un pas spirituel déterminant, on peut regarder tout cela autrement, en imaginant que cet évangile, cette bonne nouvelle, n'est pas fondamentalement un élément religieux de plus. On pourrait dire même que cet évangile n'a aucun rapport consubstantiel avec la religion telle qu'elle peut s'établir, on pourrait dire que cette bonne nouvelle, cette annonce heureuse, peut surgir de n'importe où et pas spécialement d'une Eglise , sans qu'il soit interdit évidemment à une Eglise de le relayer, bien heureusement. Nous, qui sommes de cette religion chrétienne, nous avons la possibilité d'entendre cet évangile au travers de cette Bible, qui avant d'être un monument religieux était d'abord des Ecritures, et au travers de qu'elle raconte par exemple, de ce Jésus appelé Christ .

Dans notre récit évangélique du jour, nous avons cette question des disciples :

Où veux-tu que nous allions te préparer le repas de la Pâque ?

Et quelques versets plus loin, cette question subtilement posée par les disciples se revendiquant de Jésus à un maître d'une maison : Où est la salle où je mangerai la Pâque avec mes disciples ?

 

Vous comprenez maintenant si vous avez suivi ma prédication comme les disciple ont suivi cet homme portant une cruche d'eau qui était venu à leur rencontre, vous comprenez que ma prédication se situe autour de petit mot en français de deux lettres, suivie d'un point d'interrogation: où ?

 

Où es-tu ? Dit Dieu à Adam, c'est à dire à l'humain. J'avais peur et je me suis caché, a t il répondu...

Où.

Où va t -t-on enfin s'arrêter ?

C'est la question du lieu qui est importante. Où l'humain peut-il avoir LIEU. C'est à dire en d'autres termes où peut il réellement exister en ce sens où quelque chose qui EXISTE est quelque chose qui A LIEU.

Et c'est ici que l'évangile se distingue de la religion. La religion vous dira : ce lieu est à telle adresse, il faut que la maison ait telle dimensions, il faut que la table y soit bien mise , ou mise de telle façon, avec telle parole et telle qualité d'officiant pour que la communion soit régulière

L'évangile posera d'abord la question :

où es tu ?

et ensuite : Où est la salle où je mangerai la Pâque avec mes disciples ?

Car là est le lieu qui vient interrompre définitivement cette course sans fin du fils de l'homme qui n'a pas de lieu où reposer sa tête.

Ce lieu là, c'est le lieu de la communion. Pas du rite de la communion, mais de la communion elle-même. Pas de la Cène avec du Pain ou du vin. Mais de la communion elle -même.

Où ? Où est le lieu pour reposer sa tête, à l'endroit où Dieu communie avec nous.

Ce lieu existe, il a lieu. Là où nous sommes après avoir compris qu'il est plus important qu'une salle, ou qu'un rite ou qu'une table. Ce lieu, c'est le lieu où Dieu est présent.

L'évangile , la bonne nouvelle t'indique la possibilité de suivre le porteur d'eau est d'atteindre ce lieu là, afin que toi aussi enfin tu aies lieu, et que la religion pour toi ne soit définitivement plus cette béquille, mais plus que communion.

Oui évidemment, on dira que tant que nous sommes vivants, ce lieu n'a qu'un temps, car encore une fois, et cette histoire nous le redit, quelqu'un trahira cette communion.

Mais, après avoir trouvé ce lieu, et malgré les défaites, et malgré l'humaine condition qui continue,et malgré qu'il faudra encore une fois demain lever une nouvelle fois la tente et courir encore sur notre route d'exil, ce lieu qui a eu lieu une bonne fois, que nous avons trouvé grâce à la persuasion de l'évangile, restera ce lieu où nous pouvons désormais reposer notre tête.

Et regarder la religion , y compris la nôtre, d'une autre façons, mais à aider, si possible, ceux qui nous entourent, eux aussi à entrer dans cette communion qui va bien au delà de nos frontières de croyances.

 

Ils chantèrent, et sortirent vers le mont des Oliviers.

Mais le lieu dans lequel ils sont désormais n'a plus besoin de protection, sinon celle qui protège de l'oubli de cette découverte du Règne de Dieu.

AMEN

.


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