Menu


Les protestants des 13e et 5e arrondissements de Paris. Temple de Port Royal & Maison Fraternelle

TEMOIGNAGE DE PHILIPPE LASSERRE



PHILIPPE LASSERRE : MON TÉMOIGNAGE

 

C'est marqué et stimulé par l'engagement de mes parents que j'ai construit ma foi et fait mes choix de vie, mais aussi par ma rencontre, en 1952, du mouvement lancé par le pasteur américain Frank Buchman (1878-1961).

Mes parents étaient tous deux membres responsables de la " Fédé" (Fédération internationale des étudiants chrétiens, à l'époque puissant mouvement au sein du protestantisme réformé français) et dans le Christianisme Social, dont mon père était un dirigeant. Ils m'ont donné l'exemple d'une vie en cohérence avec leurs idées et leur foi protestante, dans l'attachement à la Bible et au service des autres. Ils citaient souvent Karl Barth qui voulait que le chrétien vive avec "la Bible dans une main et le journal dans l'autre". La Deuxième guerre mondiale leur a permis de donner le meilleur d'eux-mêmes et de leur engagement : lui dans son camp de prisonniers (Oflag XC) en Allemagne, où il a organisé des groupes de partage et exercé un grand rayonnement spirituel. Elle avec la Cimade pour aider des réfugiés juifs à gagner la Suisse depuis la Haute-Savoie où elle s'était installée avec ses enfants. C'est grâce à eux que j'ai trouvé un socle de valeurs et le sens à donner à ma vie.

Frank Buchman est l'initiateur d'un courant de réveil chrétien (Groupe d'Oxford jusqu'en 1938, puis Réarmement moral, aujourd'hui Initiatives et Changement) qui s'est vite mué, face aux dangers pesant sur le monde, en un mouvement militant s'adressant à des hommes et des femmes de toutes origines et visant au renouveau de la société par le changement personnel, le "Que ta vie soit ton message" du mahatma Gandhi.

C'est là que j'ai trouvé une discipline de vie personnelle s'appuyant sur des valeurs éthiques exigeantes et sur l'écoute intérieure. Fort d'une expérience de changement personnel, j'ai décidé de m'investir avec ce mouvement. C'était choisir la forme d'engagement que je pouvais donner à ma foi protestante. Cela qui nous a conduits, ma femme et moi, en Inde, en Australie et dans de nombreux autres pays, puis à prendre des responsabilités dans le mouvement en France et, parallèlement, au sein de l'Eglise réformée en région parisienne.

Ce qui m'attache le plus au protestantisme, c'est qu'il est porteur de la notion de liberté si magnifiquement évoquée par l'apôtre Paul dans ses épitres : liberté vis-à-vis des règles et des rites, vis-à-vis de la chair, vis-à-vis de Dieu qui, dans sa grâce, me laisse libre de choisir entre le bien et le mal, donc responsable.

Dans le texte ci-dessous, j'ai essayé de mettre des mots clairs sur ma foi et mes convictions :

 

 

CE QUE JE CROIS

Je crois en la vie

Je crois en l'appel

Je crois en l'amour

Dons de Dieu renouvelables chaque jour.

Le Christ est venu m'arracher à la pesanteur du mal

Me nourrir de la légèreté de la grâce.

S'il ne vit en moi, je ne peux pas aimer,

Je ne peux pas changer,

Je ne peux pas espérer.

Si je ne laisse son esprit entrer dans ma vie chaque jour,

Je suis ballotté de ci, de là comme une girouette.

Je crois en la communion des Saints

Partageant le même changement,

Le même engagement,

Agissant sur le monde.

Je crois en la force du couple,

Image et visage de l'amour de Dieu pour les hommes et les femmes,

Porteur et créateur de naissances nouvelles,

Pierre d'angle de la société.

Je crois que tous les hommes et toutes les femmes de ce monde

Peuvent marcher dans la louange vers la justice et le bien-être.

Je nous crois appelés à forger le monde d'aujourd'hui,

Et à recevoir le monde de demain.

 

 

DEUX "POÈMES-PRIÈRES"

Ecoute

 

La vraie écoute naît du vide, du rien en moi.

Elle est abandon.

Elle est reconnaissance.

Elle est obéissance

 

Elle est abandon. Abandon de ce qui me stimule, m'inquiète, me préoccupe, m'agite.

Abandon de cette sourde peur de l'avenir, des obsessions de la nuit, des conversations et des lectures de la veille.

Après seulement, je peux revenir sur ces peurs, ces préoccupations, ces lectures et conversations.

 

Elle est reconnaissance.

Reconnaissance de ce que je suis et de ce que je ne suis pas

Je ne suis qu'un simple serviteur, incapable de mener par lui-même la vie, d'accomplir par lui-même la tâche attendue de Dieu.

Je suis aimé de Dieu,

Je suis un privilégié de la vie, de ce monde.

Reconnaissance pour les autres, pour la nature, pour les mille et un événements, les mille et une rencontres qui ont fait et font ma vie.

Cette reconnaissance va à Dieu, dont je suis, hic et nunc, serviteur. Désintéressé, prêt, aimant ceux qui sont placés sur son chemin, actif et proactif certes, mais aussi vase vide qui ne fait que transmettre par sa façon d'être, autant et plus que par son militantisme.

 

Elle est obéissance.

Obéissance au commandement d'amour.

Obéissance aux injonctions ou susurrements, rares ou foisonnants, intempestifs ou mûris, qui, comme des dauphins bondissant de part et d'autre de la barque, sont donnés dans le sillage de l'abandon et de la reconnaissance.

 

 

Attente

 

Attente du matin.

J'attends l'heure du petit cachet bleu*.

J'attends son effet libérateur sur mes muscles et

mes nerfs, sur mes membres et mes mouvements.

J'attends la vie.

J'attends la vie comme la nature attend la lumière,

le retour quotidien du soleil.

J'attends aussi l'inspiration, l'incitation, l'idée neuve

qui feront ma journée.

J'attends celui qui n'a pas de nom, l'ami

qui a dit être mort pour moi

et qui peut vivre en moi si je le laisse libre.

J'attends aujourd'hui l'aujourd'hui de Dieu.

Je l'attendrai jusqu'au dernier jour.

 

 

.

EXPOSITIONS | ENTRETIENS