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Les protestants des 13e et 5e arrondissements de Paris. Temple de Port Royal & Maison Fraternelle

Dimanche 28 mars : Le Règne, la puissance et la Gloire

Lectures et Prédication du 28 mars (Rameaux)



Tivadar Csontváry Kosztka Pèlerinage aux Cèdres du Liban
Tivadar Csontváry Kosztka Pèlerinage aux Cèdres du Liban

LECTURES

lecture_esaie.mp3 LECTURE ESAIE.mp3  (1.55 Mo)

philippiens.mp3 PHILIPPIENS.mp3  (1.32 Mo)

marc.mp3 MARC.mp3  (3.36 Mo)



ESAIE 50

4 Le Seigneur D m'a donné le langage des disciples, pour que je sache soutenir par une parole celui qui est

épuisé ; chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille, pour que j'écoute à la manière des disciples.

5 Le Seigneur D m'a ouvert l'oreille, et moi, je ne me suis pas rebellé et je ne me suis pas dérobé.

6 J 'ai livré mon dos à ceux qui me frappaient et mes joues à ceux qui m'arrachaient la barbe ; je ne me suis pas

détourné des insultes et des crachats.

7 Mais le Seigneur D m'a secouru ; c'est pourquoi je n'ai pas été confus, c'est pourquoi j'ai rendu mon visage

semblable à du granit, sachant que je n'aurais pas honte.

PHILIPPIENS

1 S’il y a donc quelque encouragement dans le Christ, s’il y a quelque réconfort de l’amour, s’il y a quelque

communion de l’Esprit, s’il y a quelque tendresse et quelque magnanimité, 2 comblez ma joie en étant bien d’accord

; ayez un même amour, une même âme, une seule pensée ; 3 ne faites rien par ambition personnelle ni par vanité ;

avec humilité, au contraire, estimez les autres supérieurs à vous-mêmes. 4 Que chacun, au lieu de regarder à ce qui
lui est propre, s’intéresse plutôt aux autres.


 


 


 

MARC Chapitre 11

 

1 Alors qu'ils approchent de Jérusalem, vers Bethphagé et Béthanie, près du mont des Oliviers, il envoie deux de ses

disciples 2en leur disant : Allez au village qui est devant vous ; sitôt que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon

attaché, sur lequel aucun homme ne s'est encore assis ; détachez-le et amenez-le. 3 Si quelqu'un vous dit :

« Pourquoi faites-vous cela ? », répondez : « Le Seigneur en a besoin ; il le renverra ici tout de suite. »

4 Ils s'en allèrent et trouvèrent un ânon attaché dehors, près d'une porte, dans la rue ; ils le détachent. 

5 Quelques-uns de ceux qui étaient là se mirent à leur dire : Qu'est-ce que vous faites ? Pourquoi détachez-vous

l'ânon ? 6 Ils leur répondirent comme Jésus l'avait dit, et on les laissa aller.

7 Ils amènent à Jésus l'ânon, sur lequel ils lancent leurs vêtements ; il s'assit dessus

 8 Beaucoup de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin, et d'autres des rameaux qu'ils avaient coupés dans

la campagne. 9 Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient criaient :

 
Hosanna !

Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !

10 Béni soit le règne qui vient,

le règne de David, notre père !
 

Hosanna dans les lieux très hauts !

11 Il entra à Jérusalem, dans le temple. Quand il eut tout regardé, comme il était déjà tard, il sortit vers Béthanie

avec les Douze.




PRÉDICATION, par Robert Philipoussi

predication_des_rameaux.mp3 Prédication des Rameaux.mp3  (21.46 Mo)

 

A lui le Règne, la Puissance et la Gloire. Amen.
Ainsi se conclut la prière que nous disons ensemble et à haute voix tous les dimanches.

 
À Dieu seul la gloire, Soli Deo Gloria. C'est le premier des principes du protestantisme. Ce principe ne fait que redire ce que dit la Bible.
Et à ce qu'on appelle "la doxologie" du Notre Père que je vous ai dite au début de cette prédication, le principe ajoute "seul": À Dieu seul la Gloire.
Un principe qui dit autant que ce qu'il ne dit pas , que ce qu'il "non-dit" , à savoir: à personne d'autre qu'à Dieu, la Gloire.
Mais, ce non-dit pourtant si logiquement évident- n'a pas été vraiment entendu.
Peut-être que le protestantisme aurait dû le préciser. Oui, je tiens à compléter mon propos: À Dieu seul la Gloire, ça veut dire: à personne d'autre, à quoi que ce soit d'autre: un monarque, un chef, un patron, un Pater Familias, moi-même.... Mais disons le, le rappel "protestant" du 16 siècle n'a pas convaincu l'ensemble de l'humanité loin s'en faut.
Ainsi donc, ce principe biblique a vogué, de dérives en dérive, de monarchies en pseudo théocraties, jusqu'à un moment...un moment que des gens ont appelé la sécularisation. Un mot censé désigner la déconnection de la religion du reste de la société (et l'ironie du choix de ce mot est qu'il appartenait au lexique catholique).
Un moment donc où la religion mais plus précisemment la nécessité de la référence à la Bible disparaissait, jusqu'à être considérée comme "dépassée".

 
Certains ont fini par remarquer - pas des théologiens officiels, mais des philosophes- qu'en fait , les codes, l'empreinte, la structure , élaborés patiemment à coup de conciles dans les premières années du christianisme, et en particulier du catholicisme occidental, n'avaient pas cessé d'agir.

 
Tout était toujours là, mais invisible.
Et pour revenir à notre doxologie initiale, dans un monde qui avait cru péremptoirement cloisonner ce qui était de l'ordre du religieux et ce qui était de l'ordre du politique, cette nécessité d'associer le règne la puissance et la gloire était toujours là.
Qu'elle avait toujours été là.
Avant que Dieu ne fût relégué dans une sphère religieuse, il était encore possible de protester, comme le fit le protestantisme au 16e siècle.
Après que Dieu eut été obligé de devenir un personnage de la narration d'une communauté particulière et de rester enfermé dedans jusqu'à la fin de ses jours présumés éternels, après que le politique n'a plus été obligé finalement de l'avoir , ce Dieu, comme une épée de Damoclès sur sa tête, d'être obligé d'aller se faire sacrer et consacré dans des cathédrales; tout est apparu clairement à ceux qui se sont amusés à voir.
Le règne doit être associé à la Gloire, sinon il n'est rien. Et puisqu'il n'y a plus de Dieu, ou qu'il reste muet dans la case qu'on lui à donné, ou qu'il profére uniquement des paroles lénifiantes et inutiles, alors le pouvoir politique a pu s'épanouir tranquillement, s'étirer, au soleil, comme un lion affamé fraîchement sorti de sa cage.
Oui, tout se voit clairement. La Gloire est l'additif obligatoire du pouvoir qui se veut, ou se croit absolu.
Est-ce nécessaire de décrire les architectures hitlerriennes ou staliniennes, nécessaire d'évoquer le cinéma réquisitionné pour évoquer les hauts faits de grands hommes, leur grande humanité, leurs sourires affectueux, devant des enfants, des ouvriers, devant des immenses foules en rang, qu'elles soient Russes, Chinoises, ou allemandes ?
La Gloire avec le Règne. Est-ce nécessaire de convoquer des pyramides, celles de Messieurs Napoléon, Mitterrand ou Macron ? Ou le Mur de M. Trump ? La Gloire aime les monuments et les images et elle doit s'allier avec le règne.
Est-ce nécessaire d'invoquer tous ces petits et grands médias aux ordres, que l'on croit- quand on a un peu d'esprit critique- destinés à répandre la doxa du souverain, mais qui profondément ne sont pas là pour ça: ils sont là pour chanter les louanges, ce sont des psalmistes, et qu'on y croit ou pas, l'important est que tous ces psalmistes et courtisans soient là, parce qu'ils fabriquent la Gloire. Ce sont des ouvriers de la Gloire. Et doxa, qui veut dire en grec "opinion", veut aussi dire "gloire".
Ils sont le rempart invisible pour sans cesse rappeler la puissance, le "poids" (et c'est ce que dit le mot Gloire en hébreu) du souverain.

 
Le règne, la puissance et la gloire.
L'on peut cependant remarquer que les pays qui ont gardé une empreinte protestante forte, et je ne parle pas des États Unis, mais plutôt des pays d'Europe du Nord, et aussi du royaume Uni, et aussi de l'Australie, n'ont pas eu besoin d'associer la Gloire aux tenanciers du pouvoir. Sans doute parce qu'ils ont gardé une monarchie sans pouvoir, mais dont la fonction est de recueillir la Gloire. Sans la puissance. Une minorité dans les systèmes politiques du monde. Mais les autres, c'est bien le Règne, la Puissance et la Gloire
Cette hypothèse ne fait que collecter des faits qui l'alimentent. Ils ont besoin de Gloire et c'est cette Gloire que nous leur conférons au lieu de la conférer à Dieu seul. En effet, qui aurait désormais envie de donner Gloire à un Dieu enfermé dans une cage ? - c'est cette Gloire qu'ils ont réussi à rafler qui fondent leur puissance, et aussi, évidemment, très souvent leur folie.
Oui, aujourd'hui c'est la fête des Rameaux. Ce jour qui rappelle qu'un jour, Jésus est entré, dit-on en gloire à Jérusalem.
Je ne vous ferai pas l'affront de vous dire, comme si c'était une nouveauté, une découverte exceptionnelle, que les récits qui racontent cette entrée déconstruit tous les codes de la Gloire et de la puissance.
Oui, il entre sur un petit âne -animal qui a inspiré la première caricature de Jésus, appelé le graffiti d'Alexamenos, gravé sur un des murs du Palais Impérial de Rome, autour du 1er siècle.

 
Un petit âne, comme dans la prophétie de Zacharie au chapitre 9, verset 9

 
Sois transportée d’allégresse, Sion la belle ! Lance des acclamations, Jérusalem la belle ! Il est là, ton roi, il vient à toi ; il est juste et victorieux,
il est pauvre et monté sur un ânon, le petit d’une ânesse.

 
Et non pas un cheval fougueux, comme ceux des légions romaines qui pénètrent des places fortes.
Un petit âne. Et pourtant c'est celui-ci, qui est dessus, qui est le Roi.

 
Juché sur l'âne de Zacharie, le Messie, selon ce prophète est celui dont la marque originale sera de briser l’arc de guerre et de supprimer le char de combat : celui qui proclamera la paix pour les nations.

 
Qu'est ce que cela veut dire ? Que celui-ci qui entre à Jérusalem, ce n'est pas la gloire qu'il cherche parce que celle-ci, il le sait, il le dit, ne revient qu'à Dieu seul. Mais ce n'est pas non plus le pouvoir des armes qu'il favorise, contrairement à tous les Glorieux souverains.

 
Mais alors, tous ces gens qui jettent des vêtements et des rameaux sur sa route, qui sont-ils ? Ne sont-ils pas que des instruments mobilisés pour sa gloire ?
Pourquoi sont-ils là ? Qu'est ce qu'ils croient ?
Je ne sais pas. Peut-être qu'ils comprennent le sens de la prophétie. Peut-être qu'ils étaient là parce qu'ils attendaient un véritable Messie glorieux.
Mais ce que je sais, c'est ce que cette effervescence, cette apparence de glorification omédiatique sera de courte durée.
C'est pourquoi, malgré toute l'emphase que la liturgie, certains cantiques, mettent sur sur cette fête des Rameaux, censée dire la gloire du Messie à la conquête de Jérusalem, cette apparence de liesse, plus ou moins forte dans les récits évangéliques, n'arrive pas à cacher un courant plus sombre. Celui que va emprunter Jésus et qui le mènera à la Croix, quand toute cette foule de pacotille aura disparu.
Mais ce que ces textes d'abord disent c'est : À Dieu seul la Gloire, Gloire à celui qui inspire ce Christ sur son petit âne, en face des puissants et de la pseudo gloire du Temple et de la pseudo gloire de l'empire Romain.
Celui qui entre à Jérusalem n'a pas à être considéré comme un Dieu, et il fait bien, car toutes les tentatives d'imiter le gloire de Dieu sont ringardes. Et on s'en moquerait bien si on n'avait pas peur de mourir ou de croupir dans une prison à cause de la puissance du souverain.
Ce Roi sur son âne, vous aurez le temps pour le diviniser. Sa mission n'est pas encore accomplie. Il ne fait pour l'instant que relayer le message du prophète Zacharie. À Dieu seul la gloire, à bas les armes...
Et finalement tant mieux si des gens jettent des vetements et des branchages. Ce n'est finalement pas grand chose, face à la puissance de tous ces règnes glorieux.

 
Cette entrée des Rameaux, c'est l'entrée dans l'espérance qu'un jour, le règne, la puissance et la gloire ne soit conférées qu'à Dieu. Un Dieu sorti de sa cage mais ayant regagné son 7e jour, et nous, sachant qu'il règne, même s'il se repose, nous, nous serons débarrassés de nos illusions, de nos engouements, des nos hypnoses et aussi de nos désirs de ressembler à Dieu...nous, devenant plus à même d'être responsables les uns des autres et de vivre enfin en paix.
Hosanna, disent les gens : qui veut dire : " sauve donc !"



Guðmunda Andrésdóttir: Croyance
Guðmunda Andrésdóttir: Croyance
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