LE CONTRE-ORDRE

Culte et prédication du 19 juin (culte court)



Hughes Merle " une beauté rare"

PRÉDICATION 19 JUIN 2021.mp3  (16.83 Mo)






MUSIQUE, ORGUE PAR VIOLAINE PLANTARD

 

INVOCATION (ENSEMBLE)

Éternel, ne te tais pas en face de moi.

Si je frappe à ta porte par ma méditation, ouvre- moi;

si je t'interroge? Réponds-moi;

si je t'implore, exauce-moi !

Oui, tu le feras dans ta grande bonté,

tu le feras largement, pourvu que, lorsque tu parles,

moi-même je ne détourne pas mon oreille.

Car tu écoutes avant même qu'on t'écoute.

Éternel, tu accueilles nos demandes,

fait maintenant que l'on accueille tes réponses,

Parle donc, Seigneur, ton serviteur écoute...

 

 

ouvrons nos oreilles à sa parole, 

nos cœurs à sa présence,

nos yeux sur la beauté du chemin qu’il éclaire

et nos bouches pour chanter :

 

PSAUME 36, les 3 strophes O Seigneur ta fidelité, page 60

 

ANNONCE DU PARDON

Je ne désire pas la mort du pécheur dit l'Éternel, mais qu'il se convertisse et qu'il vive. J’ai effacé ta faute comme la lumière gagne sur la nuit épaisse,

et j’ai effacé le mal que tu as fait comme le vent chasse un nuage.

Tu peux revenir à moi sans crainte, car je t’aime dès maintenant et pour toujours

 

VOLONTÉ DE DIEU

Voici ce que Jésus-Christ nous donne comme chemin pour vivre et pour vivre heureux :

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, 
de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence.

C'est là le premier et le grand principe,
et voici le second, qui lui est semblable :

Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

Merci, ô Dieu, pour ce chemin juste et bon.

 

 

PRIÈRE D'ILLUMINATION (ENSEMBLE)

Seigneur, nous voici devant toi pour écouter ta parole, lire les écritures et nous engager dans leur interprétation. Nous sommes dans un mode opaque, difficile à comprendre. Et notre esprit est encombré.

Fais que ce temps de méditation soit un temps de paix et d’attention. Que ton Esprit nous rende disponibles et capables d’entendre la radicale nouveauté de ta Parole.

Que nous puissions y trouver non pas simplement des réponses, mais aussi de nouvelles questions qui nous engagent dans la construction de ton royaume.

Fais que nous puissions dire, comme les gardes de l’Evangile de Jean :

« Jamais homme n’a parlé comme cet homme-là. » (Jean 7, 40)

 

 

LUC 9, 10-17

10 Les apôtres, à leur retour, racontèrent à Jésus tout ce qu’ils avaient fait. Il les prit avec lui et se retira à l’écart, du côté d’une

I ville appelée Bethsaïda. 11Les foules s’en aperçurent et le suivirent. Il les accueillit ; il leur parlait du règne de Dieu ; il guérit aussi ceux qui avaient besoin de guérison.

12 Le jour commençait à baisser. Les Douze vinrent donc lui dire : Renvoie la foule, pour qu’elle aille se loger et trouver du ravitaillement dans les villages et les hameaux des environs ; car nous sommes ici dans un lieu désert. 13Mais il leur dit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Ils dirent : Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons, à moins que nous n’allions nous-mêmes acheter des vivres pour tout ce peuple. 14En effet, il y avait environ cinq mille hommes. Il dit à ses disciples : Installez-les par rangées d’une cinquantaine. 15Ils firent ainsi ; ils les installèrent tous. 16Il prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux vers le ciel et prononça la bénédiction sur eux. Puis il les rompit et se mit à les donner aux disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. 17Tous mangèrent et furent rassasiés, et on emporta douze paniers de morceaux qui étaient restés.

 

 

 

 

 

 

 

 

PRÉDICATION

 

Renvoie la foule, disent les disciples. Une foule composée de gens qui n'avaient pas envie de partir.

Il n'étaient pas des misérables et avaient simplement besoin de parole et de guérison.

Notons d'emblée que les disciples tentent de donner un ordre à leur maître.

Celui de dire à ces gens d'aller littéralement se faire voir, ou considérer ailleurs. Pour employer cette novlangue à laquelle personnellement je n'arrive pas à m'habituer: "ils n'ont pas vocation à rester ici" .

 

Cette injonction des disciples rappelle les injonctions de ce qu'on appelle l'opinion. Cette demi-déesse pathétique semble régulièrement ordonner des choses aux dirigeants, au travers de sondages qui sont autant d'invocations. Parmi ses oracles, il y a l'ordonnance de renvoyer des foules.

Des foules qui sont en fait des personnes qui demandent asile et sécurité et qui ne sont pas forcément des misérables. Alors les dirigeants obéissent, ou le prétendent (passons sur le fait qu'ils peuvent aussi instrumentaliser cette opinion, ce qui renforce un processus diabolique). Et puis, au fond cette "opinion" existe-elle réellement, ou n'est elle qu'une marionnette bien pratique?

 

L'autre question est tout de même : qui dirige? Les dirigeants? Ou l'opinion?

L'opinion en grec classique s'appelle la Doxa, qui signifie aussi, étrangement, la gloire.

Les Grecs distinguent ce qui est de l'épistémè (qui peut signifier le savoir) de la Doxa (qui est une prétention de connaissance). Et dans ce texte, la Doxa des disciples s'habille d'objectivité (ils sont des milliers, nous n'avons presque rien), ce qui ressemble fortement à des affirmations incontestables comme "on ne peut pas accueillir tout le monde", "il y a des limites au partage"."il n'y a pas de travail, de pain, de médecins pour tout le monde".

Jésus n'est pas un dirigeant, mais il est un maître avec de l'autorité. Il n'a que faire de l'opinion car il préfère la véritable connaissance. Cette connaissance est celle de la substance de la torah et elle est liée à la vérité. La vérité pour Jésus ne peut être qu'insérée au milieu d'un chemin, comme celui qui a conduit cette foule à Jésus, et la vie, qui se présentera en personne à Pilate qui demandera "qu'est-ce que la vérité (voir Jean 14,6 " je suis le chemin, la vérité et la vie" et Jean 18,38, le passage de Jésus devant Pilate).

Jésus n'aimerait sans doute pas la gloire que cette Doxa antinomique à la vérité pourrait lui conférer s'il lui obéissait. Si bien qu'il ne renvoie pas la foule, mais il renvoie ses disciples... à leur responsabilité. Il leur ordonne: donnez leur vous même à manger. Voilà la vérité de votre service dans le monde.

C'est comme si un dirigeant disait, tout à coup et face à un afflux de réfugiés : allez-y, allez dans les camps, sur les plages, regardez-les, considérez-les comme autre chose que des flux, des hordes ou des statistiques et aidez vous-mêmes ceux que vous vouliez me voir faire partir.

A ce "contre-ordre": donnez leur vous mêmes à manger, de nombreuses personnes, membres de nombreuses associations, obéissent. Parfois dans une certaine forme d'illégalité, ils y vont. Ils donnent à manger, ils aident au logement, ils accompagnent des démarches administratives. Ils ne se contentent pas de se fondre confortablement dans une opinion sondagière, mais ils répondent et souvent à la place d'un État dont ils ne croient plus en la providence. Beaucoup le font au nom de leur foi. Et souvent à cause d'une foi qu'ils n'arrivent pas ou plus à mettre en mots. Juste parce que ce "donnez-leur vous-mêmes à manger" résonne en leur coeur.

Pourtant, là où il sont, il n'y a pas grand chose (cinq pains, deux poissons). Et ce qu'ils sont n'est pas grand chose non plus: des bras, un peu de temps et de courage, une conscience, une âme.

Tous mangèrent et furent rassasiés, et on emporta douze paniers de morceaux qui étaient restés.

Et en plus, il en reste. Ce qui reste pour nous, c'est l'espoir. Il en reste.

 
 

excursus, non dit pendant le culte:

L'ochlocratie (du grec ancien ὀkhlo-kratía, gouvernement de la foule) est un régime politique dans lequel la foule (okhlos) a le pouvoir. Pour les Grecs, l'okhlos, c'est ce qui est inférieur au Demos (le peuple). Dans les évangiles, la foule est souvent présente,comme dans notre texte du jour. Elle est cette cohorte d'anonymes, qui produit un effet littéraire sur le lecteur qui est invité, s'il considère la lecture d'un évangile comme un parcours catéchétique (et non pas une collection de fragments à analyser) à se déprendre de sa singularité pour se fondre dans cette foule qui suit Jésus. Une foule qui écoute, attend, comme ici. Une foule qui est nourrie, qui se réjouit, ou qui agite des rameaux. Mais une foule qui dira aussi "crucifie".

Le lecteur à la fin de son parcours sera abandonné par la foule (qui s'est débandée) et se retrouvera seul, face à l'interprétation qu'il fera de l'événement de la croix et dans le sentiment révélé et paradoxal que cette croix ne signifie pas la fin, mais le commencement.

MUSIQUE



CONFESSION DE FOI (ENSEMBLE )

Je crois en Dieu qui a créé le monde

Pour que nous le cultivions et en célébrions la beauté Il est la source de notre vie.

Je crois en Dieu

Qui a remis son pouvoir à Jésus le Christ,

Le serviteur mort et ressuscité

Pour le pardon et la liberté des hommes. Il est le prix de notre vie.

Je crois en Dieu

Qui par son Esprit nous unit à son fils

Pour que nous combattions le mal

Et construisions une juste paix

Dans l’espérance de son royaume. Il est le sens de notre vie. Amen

 

CHANT 31-17 toutes les strophes, O mon peuple , page 326

 

 

ANNONCES OFFRANDE

 

TEXTE PRIANT, de Laurent Gaudé, écrivain.

 

Regardez-les, ces hommes et ces femmes qui marchent dans la nuit.

Ils avancent en colonne, sur une route qui leur esquinte la vie.

Ils ont le dos vouté par la peur d’être pris

Et dans leur tête,

Toujours,

Le brouhaha des pays incendiés.

Ils n’ont pas mis encore assez de distance entre eux et la terreur.

Ils entendent encore les coups frappés à leur porte,

Se souviennent des sursauts dans la nuit.

Regardez-les.

Colonne fragile d’hommes et de femmes

Qui avancent aux aguets,

Ils savent que tout est danger.

Les minutes passent mais les routes sont longues.

Les heures sont des jours et les jours des semaines.

Les rapaces les épient, nombreux.

Et leur tombent dessus,

Aux carrefours.

Ils les dépouillent de leurs nippes,

Leur soutirent leurs derniers billets.

Ils leur disent : « Encore »,

 

Et ils donnent encore.

Ils leur disent : « Plus ! »,

Et ils lèvent les yeux ne sachant plus que donner.

Misère et guenilles,

Enfants accrochés au bras qui refusent de parler,

Vieux parents ralentissant l’allure,

Qui laissent traîner derrière eux les mots d’une langue qu’ils seront contraints d’oublier.

Ils avancent,

Malgré tout,

Persévèrent

Parce qu’ils sont têtus.

Et un jour enfin,

Dans une gare,

Sur une grève,

Au bord d’une de nos routes,

Ils apparaissent.

Honte à ceux qui ne voient que guenilles.

Regardez bien.

Ils portent la lumière

De ceux qui luttent pour leur vie.

Et les dieux (s’il en existe encore)

Les habitent.

Alors dans la nuit,

D’un coup, il apparaît que nous avons de la chance si c’est vers nous qu’ils avancent.

La colonne s’approche,

Et ce qu’elle désigne en silence,

C’est l’endroit où la vie vaut d’être vécue.

Il y a des mots que nous apprendrons de leur bouche,

Des joies que nous trouverons dans leurs yeux.

Regardez-les,

Ils ne nous prennent rien.

Lorsqu’ils ouvrent les mains,

Ce n’est pas pour supplier,

C’est pour nous offrir

Le rêve d’Europe

Que nous avons oublié.

 

NOTRE PÈRE

 

 

 

 

BÉNÉDICTION

A celui qui a soif, dit Dieu, je donnerai de l’eau de la source de vie et je la donnerai gratuitement”.

 

Des jours viennent dit Dieu, où je conclurai avec la communauté de mon peuple une alliance nouvelle.

Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés.

De toutes vos compromissions et de toutes vos idoles, je vous délivrerai.

Je vous donnerai un coeur nouveau et je mettrai en vous un souffle intact. J’ôterai le coeur pétrifié qui est dans votre poitrine et vous donnerai un coeur vif. Je déposerai mon inspiration au fond de vous-même et j’insufflerai en vous mon esprit.

 

 

MUSIQUE

 

 

 


PDF DES CHANTS

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