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Les protestants des 13e et 5e arrondissements de Paris. Temple de Port Royal & Maison Fraternelle

Prédication du 1er janvier 2017 "MARIE, QUANT A ELLE...." ou L'Engendrement de l'Histoire.



 
Luc 2, 16-21
En ce temps-là, les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph,avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.
Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu,selon ce qui leur avait été annoncé .Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.
 
PRÉDICATION                                                                                                         Robert Philipoussi
Bonne année, frères et soeurs. Oui Bonne dans le sens biblique " et Dieu vit que cela était bon " (Genèse)
Que la terre verdisse de verdure : ... 12- La terre produisit de la verdure : des herbes portant semence selon leur espèce, des arbres donnant selon leur espèce des fruits contenant leur semence, et Dieu vit que cela était bon.
13- Il y eut un soir et il y eut un matin
Ou bon, comme le " bon" de l'é-vangile (du  grec ancien εὐαγγέλιον (eu-angélion) : Bonne- nouvelle.
Oui, bonne année, c'est simple comme un bon - jour, car que faisons-nous quand nous disons "bon-jour" , et bien nous faisons un voeu: je te souhaite un bon jour. Un voeu ce n'est pas très loin d'une prière. C'est comme une prière, vous vous engagez. Pensez y , à chaque fois que vous dites "bon jour", pensez y. Je vous invite à le dire dans l'attitude qui est la vôtre quand vous dites "bonne année". Et puis, pensez y , quand vous le recevez aussi, ce bon - jour. Prenez le ! Quelqu'un qui vous souhaite un bon-jour c'est déjà un début de bon-jour. Prenez cette prière pour vous, faites en un bon-jour. Et si votre interlocuteur a oublié le sens profond de sa propre parole, ce n'est pas grave. Dans le domaine de la prière, ce n'est pas l'intention qui compte. La prière c'est Dieu qui en est le vecteur. On raconte que son Fils a changé de l'eau en vin, il peut bien changer une expression de convention en prophétie qui va se réaliser pour vous même.
Oui Bon -Jour.
Oui, bon jour . C'est quoi finalement une vie, une existence : certains disent que c'est une phrase plus ou moins longue avec plein de virgules et de points de suspension et des parenthèses et plein de choses. Mais ça reste abstrait comme métaphore...
Je préfère la métaphore de la journée. Dans le meilleur des cas, une existence c'est une bonne journée, en tous les cas je nous le souhaite à tous. Et pour continuer à tirer le fil, je remarque qu'en anglais Journey ça signifie "voyage" . Donc chers amis, Bonne année, Bon jour, bonne journée et bon voyage, animé d'un souffle de la bonne nouvelle , laquelle signifie le SALUT.
C'est pour ça qu'en conclusion de cette introduction, de cette prédication et de cette 'année, je vous dis, en toute familiarité, SALUT, et no, seulement je vous le dis, mais j'en forme le voeu, la prière . SALUT.

Alors aujourd'hui Luc raconte comment ce salut justement est arrivé sous la forme d'un petit enfant que des bergers découvrent couché dans une mangeoire.
Les bergers avaient été avertis par un ange  retentissant, luminescent,  peu discret, évident [ Verset 09 L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte ] , et le texte dit qu'après l'annonce de l'ange, les bergers se dépêchent, ils se hâtent. Ils courent vers le lieu désigné. Et le texte nous dit encore qu'après qu'ils ont vu, il se mettent à retentir eux aussi autour d'eux. Ils louent. Ils racontent. Et tout le monde est étonné. Dans le sens très fort qu'a ce terme en grec. Stupéfiés - ce n'est pourtant qu'un enfant dans une mangeoire - et finalement ces bergers repartent. Toujours dans une forme d'extase, groupale, en louant Dieu.
Ce qui fait beaucoup d'agitation depuis le début. Beaucoup d'étonnement. De retentissement, de cris, de louanges, d'expressions de joie. Beaucoup de hâte aussi. Les bergers arrivent comme une bourrasque et s'en vont comme ils sont venus.
Là le bon lecteur s'aperçoit que manifestement c'est une écriture très théâtrale...
Et moi, ma bonne nouvelle de prédicateur. Mon pain quotidien de tâcheron de l'évangile c'est ça : c'est découvrir la subtilité des écrivains.
Alors oui, depuis l'ange il y a beaucoup de bruit, beaucoup d'emphase. Comme il y en a aussi, encore quand même, autour de Noël, beaucoup de hâte, beaucoup de lumière, de bruits et de clinquant.
Cette mise en scène du clinquant chez Luc ne peut être que volontaire. Elle est destinée à mettre en valeur autre chose. Ce qui sera le véritable message de ce récit.
Dans ce cyclone , dans cette thaumaturgie dans le sens classique, il y a un oeil, l'oeil du cyclone. Et c'est là que nous sommes attendus ce matin. Dans ce temps où nous célébrons encore la venue du Sauveur pour notre monde, dans notre monde. Dans ce monde là, le nôtre qui donne le tournis, dans ce monde de hâte et de clinquant. Dans ce monde où des bergers se hâtent, viennent voir, et repartent. Mais ont-ils pris le temps, justement de voir ce qui se passe ? Ne se sont ils pas un peu précipités ?
Ce matin, l'évangile du jour nous dit de ne pas nous précipiter. Les bergers sont repartis, très bien. Leur clameurs s’estompe au loin. Parfait. Le narrateur les a fait partir. Et nous invités à ne pas les suivre. Nous sommes invités à rester là.
C'est redevenu calme.
Il y a cet enfant dans cette mangeoire. Il y a Joseph, et puis il y a Marie et il y a le texte qui nous dit que Marie, cependant, ou quant à elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.
Il y a le cyclone autour, mais elle Marie, elle prend le temps. Elle garde, conserve, retient, dit le texte, tout ce qui s'est passé. Elle ne fera pas que retenir - ce qui serait déjà bien. De re tenir un peu, ce serait bien, y compris pour nous avec nos mémoires artificielles portables qui nous dispensent de retenir puisque Google le fait pour nous.... Elle Marie, elle retient. Elle n'a pas envie d'un éternel recommencement.
Ce que nous dit Luc, cet historien autoproclamé de la bonne nouvelle, il nous dit que Marie en retenant tous ces événements, commence à faire l'histoire, avec un avant, un maintenant, et un après. Donc, elle, elle retient. Tranquille dans ce silence laissé par le départ des bergers. Qui sont partis ailleurs pour raconter une histoire qui ne sera jamais peut être- hélas - qu'un éternel commencement pour ceux qui l'entendront. Qui resteront peut être dans l'éternel retour de la même histoire. Eternelle demande infantile. C'est charmant quand c'est un enfant qui le demande.
Mais ce n'est pas le cas de Marie. Elle, elle inscrit. Elle fait ce que fait Luc, elle inscrit. Elle inscrit le début d'une histoire qui va, elle ne le sait sans doute pas, elle mais Luc le sait. Elle inscrit le début d'une histoire qui va faire Histoire, pour l'humanité entière...
Mais, comme je le disais, elle ne fait pas que retenir. Car c'est une personne intelligente. Vos traductions disent qu'elle retient tous ces événements et qu'elle les médite dans son coeur.
Médite ...mais il ne s'agit pas d'une méditation vague, d'un vague soupir d'une jeune fille qui se retrouve maman...le mot grec c'est sun-ballo qui veut dire en français " assembler", ce qui a donné en français symboliser...Symboliser, c'est quoi, c'est une une des belles capacités de l'intelligence. D'ailleurs, le texte dit qu'elle "assemble" ces éléments dans son coeur. Et le coeur ce n'est pas dans sa culture le siège exclusif de la sentimentalité. Contrairement à notre imaginaire à nous, le coeur biblique désigne toute la personne humaine, ce qui constitue sa « vie intérieure ». Il ne se limite donc pas aux émotions ou à l'affection. Dans le coeur - aussi curieux que cela puisse nous paraître - , résident les émotions, la mémoire, la volonté, l'intelligence, etc. Le « coeur » de la Bible englobe beaucoup plus de dimensions de la personne qu'on tend à le faire aujourd'hui.
Voilà ce que fait Marie, quant à elle - en opposition avec tout la mise en scène de ce clinquant de nature quasi païenne qui l'entoure, au milieu de cette inévitable course au présent perpétuel et à la surprise bon marché, et maintenant au milieu de son silence, auprès de son fils qui semble dormir, Marie continue à engendrer.
Elle engendre l'Histoire. Elle devient celle qui fait entrer l'humanité dans un nouveau monde symbolique. C'est à dire un nouveau monde de signification et de vérité qui ne sera plus celui qui sous bien des aspects est encore le nôtre aujourd'hui. Mais qui sera celui que nous allons découvrir. Quand nous allons apprendre à ne pas nous précipiter. Quand nous aurons réussi à voir que réellement et bien oui, c'est un enfant dans une mangeoire.
Quand, plutôt que d'oublier avec constance nous commencerons à comprendre, à assembler, tous ces éléments qui vont faire naitre cette bonne nouvelle dans notre coeur, à nous.
Voilà le message aujourd'hui, c'est Marie. La véritable stupéfaction de ce texte. Marie qui n'a l'air de rien mais qui fait ce que nous devrions tous faire pour sortir de cet ouragan et commencer à comprendre ce qui nous arrive. Marie engendre une histoire bien différente de ce qui l'entoure. Par son intelligence, sa méthode, elle devient ici, un modèle. Au milieu du cyclone. Elle ne fait pas que mettre au monde. Elle devient dans ce texte de Luc, la figure même de la nouvelle Histoire en train de s'écrire.
Une année est passé. Retenons tous ces événements. Ils constituent une étape de notre voyage. Mais surtout, apprenons à en faire du sens. Le souffle de Dieu qui va nous inspirer. Le souffle de Marie.
C'est ce que je nous souhaite.
de retenir tous ces événements, et de les assembler dans notre coeur
AMEN


 
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