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Les protestants des 13e et 5e arrondissements de Paris. Temple de Port Royal & Maison Fraternelle

Se regarder comme vivant

Culte du 28 juin 2020



ART ABORIGÈNE
ART ABORIGÈNE

 

 

Amis que ce dimanche soit pour nous tous l'occasion de vivifier notre espérance par l'écoute de l'Evangile.

La grâce et la paix nous sont données de la part de Dieu qui nous rassemble et de Jésus-Christ qui nous aime et nous donne confiance. Amen

 

Louons le Seigneur, d'après le psaume 89, psaume de ce jour :

Sans fin Seigneur, je chanterai ton amour, d'âge en âge je proclamerai ta fidélité ; oui je dis : ton amour est établi pour toujours et ta fidélité est plus ferme que les cieux.

 

Les cieux célèbrent tes merveilles, Seigneur, et l'assemblée des croyants ta fidélité.

 

Seigneur, Dieu de l'univers, quelle est ta puissance ? C'est l'amour qui rayonne de toi !

 

Heureux le peuple qui saura t'acclamer tout le jour ; à ton nom, il dansera de joie !

 
 

 



Chant : psaume 84, 1, 2 et 3 Dans ta maison je suis heureux

ps_84.mp3 PS 84.mp3  (3.79 Mo)


Prière de conversion (d'après André Dumas)

 

Nous voulons nous consacrer pour lutter sans détourner les regards, pour oser sans craindre, pour avancer sans lorgner en arrière, pour faire sans tergiverser.

 

O Dieu, nous voulons consacrer nos vies à toi,

qui as lutté, pour créer le monde contre le chaos sans cesse menaçant,

qui as porté et supporté, pour réconcilier le monde contre le destin sans cesse destructeur,

et qui accompliras, pour sauver le monde contre le désespoir sans cesse rongeur.

 

Nous voulons consacrer nos vies afin de vivre à ton image, car ta sainteté est notre exemple, notre encouragement et notre horizon. Amen

 

Chant 44-04, strophe 1, A toi Jésus mon rédempteur.

 

Annonce du pardon

 

C'est lui qui a attesté que le Fils de l'Homme était venu non pas pour juger mais pour pardonner, non pas pour punir mais pour faire grâce, non pas pour condamner mais pour rendre libres. En conséquence de cet évangile, mon ami, lève-toi et marche, tu es libre ! Libre pour aimer Dieu, libre pour aimer tous tes frères et même libre pour t'aimer toi-même.

Là où se tient le Fils de l'Homme, là est la liberté. Amen

 

 

 


Chant 44-04, strophe 2 À Toi Jésus mon rédempteur

cantique_44_004.mp3 44-04.mp3  (3.18 Mo)



Volonté de Dieu : Un extrait d'un des textes du jour Romains 6, 3-11

 

Mais si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité des morts, Christ ne meurt plus ; la mort sur lui n'a plus d'empire. Car en mourant, c'est au péché qu'il est mort une fois pour toutes : vivant, c'est pour Dieu qu'il vit. De même, vous aussi : considérez que vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus-Christ.

 

Prière d'illumination :

 

Notre Père, nous te prions de renouveler nos vies, de les rendre claires et belles sous la lumière de l'Evangile. Que ta parole nous atteigne maintenant, au plus secret de nous-mêmes.

 

Lectures

 

2 Rois 4, 8-16

 

8 Un jour Elisée passait par Shounem. Il y avait là une femme de haut rang, qui le pressa d’accepter à manger. Dès lors, toutes les fois qu’il passait, il se retirait chez elle pour manger. 9Elle dit à son mari : Je sais que cet homme qui passe constamment chez nous est un saint homme de Dieu. 10Je t’en prie, faisons une petite chambre en dur à l’étage, et mettons-y pour lui un lit, une table, un siège et un porte-lampes. Quand il viendra chez nous, il pourra s’y retirer.

11Le jour où Elisée revint, il se retira dans la chambre à l’étage et s’y coucha. 12Il dit à Guéhazi, son serviteur : Appelle cette Shounamite. Guéhazi l’appela, et elle se présenta devant lui. 13Elisée dit à Guéhazi : Dis-lui, je te prie : Tu as fait beaucoup de choses pour nous ; que peut-on faire pour toi ? Faut-il parler pour toi au roi ou au chef de l’armée ? Elle répondit : J’habite au milieu de mon peuple. 14Il dit alors : Que faire pour elle ? Guéhazi répondit : Hélas, elle n’a pas de fils, et son mari est vieux. 15Elisée dit : Appelle-la. Guéhazi l’appela ; elle se présenta à la porte. 16Elisée lui dit : A cette époque-ci, l’année prochaine, tu auras un fils dans tes bras. Elle dit alors : Non, mon seigneur, homme de Dieu ! Ne me mens pas, à moi, ta servante !

 

 

 

Matthieu 10, 37-42
37.. " Qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi; qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi.
38.. Qui ne se charge pas de sa croix et ne me suit pas n'est pas digne de moi.
39.. Qui aura assuré sa vie la perdra et qui perdra sa vie à cause de moi l'assurera.
40.. " Qui vous accueille m'accueille moi-même, et qui m'accueille, accueille Celui qui m'a envoyé.
41.. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète, et qui accueille un juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste.
42.. Quiconque donnera à boire, ne serait-ce qu'un verre d'eau fraîche, à l'un de ces petits en sa qualité de disciple, en vérité, je vous le déclare, il ne perdra pas sa récompense. "

 

 

Seigneur, ta parole est vérité, qu 'elle devienne puissance d'évangile pour notre vie ! Amen

 


PRÉDICATION par Claire Gruson

Le texte de ce jour vient de l'un des cinq discours de Jésus rapportés par l'évangile de Matthieu dont il faut peut-être rappeler qu'il date vraisemblablement de 70 ap. J-C, qu'il est donc postérieur à la mort de Jésus sur la croix. Ces cinq discours ponctuent, en alternance avec des parties narratives, les 28 chapitres du récit de Matthieu. Dans le chapitre 10, qui commence par l'énumération des noms des douze apôtres, Jésus envoie ses disciples en mission, avec des instructions : ces conseils, ces impératifs sont variés ; ils concernent notamment le chemin à suivre et les lieux à éviter, l'équipement (réduit à rien), l'attitude à avoir avec les personnes rencontrées, la question des persécutions. Les deux paragraphes qui nous requièrent ce matin concernent l'attachement primordial à Jésus et la question de l'accueil (deux thèmes étroitement liés).

 

Ce texte est déconcertant ; il provoque, par son côté paradoxal et sans demi-mesure ; il y est question de vie et de mort, de sauvetage et de perte, de rupture affective avec ses plus proches.

D'emblée, on est choqué. Ou bien on ne se sent pas à la hauteur de cet appel comme si étaient convoquées ici des personnalités héroîques, capables de tout quitter pour suivre le Christ jusqu'à la mort.

 

L'expression « porter sa croix » a pris dans la langue commune un sens indépendant de l'évangile. Elle suggère des vies exemplaires faites d'abnégation, de souffrance, de résignation, d'oubli de soi. Et on se dit que la barre est mise trop haut, que jamais on n'y parviendra et que même si ce n'est pas bien brillant, le repli sur soi, le ronronnement d'une existence médiocre est sans doute préférable à cette proximité de la mort que semble comporter l'exigence de Jésus.

 

Certes, prendre sa croix, c'est ainsi qu'il faudrait vivre si l'on prenait l'évangile au sérieux : mais la vérité de l'Evangile est alors au conditionnel. C'est ainsi qu'il faudrait vivre. Et nous, nous sommes dans le monde réel, celui qui se conjugue à l'indicatif. Comment rapprocher ces deux mondes ?

 

En même temps, on songe à tous ces personnages de la Bible qui ont eux aussi cherché de préférence à préserver leur vie plutôt que d'entendre la voix qui les appelait à une rupture radicale. Songeons par exemple au prophète Elie s'asseyant sous un genêt dans le désert et disant : « Cela suffit. Maintenant Seigneur, prends ma vie, car je ne suis pas meilleur que mes pères. », à Jonas sous son ricin, cherchant à échapper au Seigneur, ou encore à celui qu'on appelle le « jeune homme riche » au chapitre 19 de Matthieu : il renonce à « la vie éternelle » parce qu'il ne veut pas renoncer à ses biens. On peut aussi penser à ces hommes qui regardent en arrière au chapitre 9 de Luc : ils disent vouloir suivre Jésus mais auparavant, ils ont autre chose de plus important à faire. Tous ces personnages hésitent, trébuchent, doutent d'eux-mêmes, des autres, de Dieu. La Bible n'est pas un recueil édifiant de vies de saints qui donnerait à lire des modèles à suivre, sans grain de sable dans leur horloge. Mais c'est bien une parole qui interpelle tout un chacun, même celui qui trébuche, comme une « bonne nouvelle » qui le concerne.

 

« Qui ne se charge pas de sa croix et ne me suit pas n'est pas digne de moi. Qui aura assuré sa vie la perdra et qui perdra sa vie à cause de moi l'assurera.»

 

Comment prendre au sérieux cet avertissement ? Que faire de cette injonction? Comment se sentir concerné par elle ? Le texte semble bien sans ambiguïté, ni échappatoire possible. Ce qui est souligné ici, c'est la nécessité d'une rupture. Il y a un stade antérieur et un stade nouveau. Il y a un avant Jésus-Christ et un après Jésus-Christ, avec une cassure entre les deux. Comment pouvons nous comprendre cette invitation pressante à la rupture  comme fondement de notre vie ?

 

« Changez de vie », un slogan très contemporain, qui peut avoir un certain succès en tant de crise, de profond désarroi, de distinction proposée entre « l'avant » et « l'après » ! On ne peut s'empêcher de penser dans le contexte actuel au succès des marchands de développement personnel qui nous offrent de changer de vie grâce à des conseils d'hygiène et à une vague spiritualité qui peut devenir un fond de commerce. Un peu plus loin, sur ce trottoir du boulevard, on nous suggère le recours à un coach : « lâcher prise, connaissance de soi, sculpter de son corps... ». Après tout, quelques séances ne suffiraient-elles pas pour « se regarder comme vivants » ? Le « lâcher-prise » a d'ailleurs un certain succès y compris dans les milieux du protestantisme. Difficile de prendre au sérieux cette exploitation du « besoin de spiritualité »...

 

 

Assurer sa vie ? Perdre sa vie ? Interrogeons nous sur le sens de ce mot « vie ». Peut-être tout d'abord en formulant cette question simple au moins en apparence : Comment suis-je effectivement vivant ? Que signifie se regarder comme vivant  (comme le précise l'épÎtre aux Romains) ? En somme, qu'est-ce qu'être vivant ? Ce que l'on est amené à se dire ce matin, c'est qu'être vivant ne signifie pas tout bonnement ne pas être mort.

 

 

Un commentaire des évangiles1 proposé par le philosophe François Jullien, nous aide à entrer en réflexion sur ces questions.

Tout d'abord, il s'intéresse aux mots et à leur traduction.

Sans entrer dans la profondeur de son propos, j'essaye d'en présenter simplement ce qui m'éclaire ce matin : les Grecs distinguent plusieurs sens possibles du mot « vie ». Et pour bien différencier ces sens, ils utilisent des termes distincts. On trouve deux de ces termes dans les évangiles (qui sont, rappelons-le, écrits en grec). Deux termes : psuché et zôé. Psuché, c'est le souffle de vie, c'est l'être-en-vie, c'est le vital. Zôé, c'est ce qui rend la vie vivante, ce qui rend possible son déploiement, son jaillissement en une multitude de possibles, c'est le vivant. Selon F. Jullien, cette distinction entre le vital, l'être-en-vie (psuché) et le vivant, la vie vivante (zôé) est essentielle principalement dans l'Evangile de Jean qui incite (je simplifie à outrance...) à aimer zôé et à haïr psuché. Voir Jean 12, 25 : « Qui aime sa vie (psuché) la perd et qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie qui ne meurt pas (Zôé). » Cependant, on trouve aussi, dans une moindre mesure, cette distinction chez Matthieu lorsqu'il fait référence, à propos du jeune homme riche, à « la vie éternelle »2  : cette expression, nous disent les traducteurs, n'a pas nécessairement une signification de durée (comme en rêveraient aujourd'hui les transhumanistes). La vie éternelle, c'est justement zôé, et ce mot désigne plutôt la qualité profonde de la vie, ce qui fait surgir en elle le possible, l'avenir, la disponibilité à l'événement dans sa radicale nouveauté, c'est la vie qui ne meurt pas.

 

 

Nécessaire est cette possibilité qui nous est donnée de confronter les textes, de comparer les différents évangiles, les différentes traductions, en somme de scruter les textes : l'étude de ces textes est un acte de foi au sens de confiance. Nous avons confiance dans l'Evangile comme bonne nouvelle qui s'offre à une compréhension toujours nouvelle. Le champ du possible ne s'ouvre-t-il pas, dans la mesure par exemple où l'on peut surmonter, par cette confrontation des textes, une opacité née d'une difficulté de dénomination ? Barth p. 36

 

 

Dès lors, une piste est possible qui nous permet de nous regarder comme vivants : il ne s'agit pas de faire le choix de trouver une utilité ou un sens à la souffrance comme valeur morale édifiante mais bien de choisir la vie comme nous y a invités dans l'Ancien Testament, le livre du Deutéronome. Il ne s'agit pas de s'enliser dans le poids du passé mais bien de se rendre disponible à l'événement, au possible.

 

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Il importe maintenant de relier ces versets à ce qui suit : trois versets qui célèbrent l'accueil.

 

« Qui vous accueille m'accueille moi-même, et qui m'accueille accueille Celui qui m'a envoyé. [...] Quiconque donnera à boire, ne serait-ce qu'un verre d'eau fraîche, à l'un de ces petits en sa qualité de disciple, en vérité, je vous le déclare, il ne perdra pas sa récompense. »

 

La rupture avec notre existence ordinaire, notre être-en-vie serait-elle dans cet appel à l'accueil, à la relation à l'autre, et au geste du don de la coupe d'eau fraîche ? La vie vivante, jaillissante que nous sommes appelés à choisir, ne se garde pas pour soi. Elle est don, générosité de ce qui se perd et qui est donné à l'Autre. Dans notre contexte d'aujourd'hui, contexte de fermeture, de peurs, de clôture, de codes et d'alarmes, de méfiance... ce segment d'Evangile est à méditer dans sa capacité à nous renouveler. Une parole qui, pour peu qu'on la laisse agir en nous, nous amène à voir les choses autrement. Laissons cette parole porter du fruit au cœur de notre existence quotidienne.

 

 

 

 

1 François Jullien, Ressources du christianisme, Ed. de L'Herne 2018

2 Matthieu 19, 29.


Confession de foi :

 

Pour le monde et pour moi, j'ai confiance en Jésus de Nazareth

Il est le seul sauveur et Seigneur

Il a été crucifié. Il est ressuscité.

Pour qui veut bien l'entendre, il continue à nous parler depuis les Evangiles.

Il a dévoilé le vrai visage de Dieu et

il a rendu l'homme possible, dès maintenant parmi nous.

Pour le monde et pour moi, j'espère en Jésus de Nazareth. Il est vivant.

 

 

 


Chant 45-06 O Jésus mon frère, strophes 1, 2 et 3


cantique_45_06.mp3 45-06.mp3  (3.62 Mo)


Prière d'intercession

 

Unissons-nous dans la prière :

 

Seigneur, tu nous appelles à la vie.

 

Que chaque soir et chaque matin

vivre réjouisse toutes les créatures !

 

Seigneur, tu te fais connaître par ton Nom !

 

Que chaque jour,

ton Nom éveille la fraternité entre les hommes !

 

Seigneur, tu nous offres des visions d'Espérance !

 

Que ton Espérance féconde notre temps.

Nous te confions notre passé, notre avenir, notre présent.

 

Notre Père qui es aux cieux...

 

Envoi et bénédiction

 

Béni soit Dieu. Il nous a donné sa Parole pour que nous l'entendions. Il nous a promis son Royaume pour que nous espérions. Allons avec lui sur nos chemins, avec nos frères et nos sœurs, avec toute la création, dans l'audace du service et de l'adoration

 

 

Allez dans la confiance :

Dieu vous garde en son nom

vos jours en seront illuminés,

votre vie en sera vivifiée !

Car la fidélité de Dieu est plus haute que les monts les plus hauts et sa bonté dépasse toute cîme !

 
 


Chant 62 71, Donnons louange et gloire

cantique_62_71.mp3 62-71.mp3  (1.48 Mo)

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