LA PRÉDICATION
CLUB, SECTE, COMMUNAUTÉ ? … OU ÉGLISE ?
LA PRÉDICATION PAR LE PASTEUR ROBERT PHILIPOUSSI
ACTES, 4, 32 À 5, 16
Trois récits qui se suivent, trois ambiances.
Le premier exalte le nombre, l'unité et la discipline de la mise en commun des biens dans ce qu'on appellera la proto église du point de vue de l'auteur du livre des apôtres
Le deuxième, apparemment, décrit un anathème contre chaque personne d'un couple qui a enfreint non pas la règle de la mise en commun, mais le devoir de sincérité envers l'Esprit de Dieu.
Le troisième passage décrit la grande popularité de cette proto église, particulièrement à cause de son service envers les possédés et les malades.
Quelques mots sur le livre des actes, mais je vous invite à vous référer aux introductions de vos bibles pour une présentation de plus grande ampleur.
Le livre des Actes des Apôtres, dont l'auteur présumé est celui qui a composé l'évangile selon Luc, raconte comment, après la résurrection de Jésus, ses disciples (les apôtres) sont envoyés pour annoncer l'Évangile dans le monde connu de l'époque. Ce livre commence avec l'ascension de Jésus et la Pentecôte, où l'Esprit Saint descend sur les apôtres, les transformant en témoins volubiles.
Pierre est d'abord le personnage principal : il prêche, guérit, et joue un rôle clé dans l'ouverture de l'Église aux non-Juifs, notamment avec la conversion du centurion Corneille. Mais peu à peu, l'attention se déplace vers Paul (anciennement Saul), d'abord persécuteur des croyants en Jésus comme Christ, puis converti sur le chemin de Damas. Paul voyage beaucoup, fonde des églises, débat avec les autorités religieuses et politiques, et subit à son tour de nombreuses persécutions.
Au fil du livre, l'Église passe d'un petit groupe on va dire juif selon les acceptions pour l'époque de ce terme, à un mouvement à prétention universelle et ouvert à tous les peuples. Pierre initie ce changement, mais c'est surtout Paul qui porte cette dynamique jusqu'à Rome, centre du monde antique, où il sera emprisonné.
Les personnages principaux sont initialement Pierre, en passant par Etienne, puis Paul, qui est le plus abondamment cité dans ce livre et aussi Jacques, le frère de Jésus, leader de l'église de Jérusalem, qui jouera un rôle important voire décisif lors de la réunion appelée concile p ar la tradition postérieure, qui a lieu dans cette ville à propos de l'attitude ouverte qui devra être réservée aux non-juifs. Si vous êtes protestants, ne dites pas « concile de Jérusalem » ou « synode de Jérusalem » mais réunion à Jérusalem. Je n'irai pas jusqu'à proposer « un conseil presbytéral, accueillant des invités, pour examiner une possible nouvelle orientation »
Voilà donc pour la présentation, du texte que vous avez sous les yeux, et de son contexte global.
Mais maintenant regardons le texte central. Au milieu de cette croissance extraordinaire , de cette discipline de partage, et de cette effervescence dans le service aux plus démunis, il y a deux morts.
Ananias et Saphira, son épouse. Pourquoi meurent-ils? Non pas parce qu'ils n'ont pas partagé, comme l'a fait ce Barnabé, mis en valeur dans le premier passage, le bon élève donc, mais parce qu'ils ne l'ont pas fait intégralement tout en prétendant l'avoir fait. Comment meurent-ils? Une petite nuance entre les deux: le mari meurt après avoir entendu, de la bouche de Pierre, la révélation de son méfait. La femme meurt tout aussi brutalement, mais après l'annonce du décès de son mari et après la prophétie, qu'on pourrait appeler malédiction de Pierre à son égard: ceux qui ont enseveli ton mari sont à la porte ; ils t'emporteront aussi ! Qui les as tués tous les deux? Ce fait n'est nullement indiqué. Il n'est pas indiqué que c'est directement de la main de Pierre, ni même indiqué par le narrateur que c'est Dieu qui les as tués à cause de leur fraude. Mais cette dernière hypothèse est fortement sous entendue, à travers la bouche de Pierre, qui affirme au mari qu'il a menti au Saint Esprit, et à l'épouse que tous deux auraient provoqué, tenté, ce même Saint Esprit . Je dis cela au passage mais on a ici, comme un lapsus, la coutumière évocation, quand on s’adresse à la femme, de la femme provocatrice et tentatrice .
Presque tous les commentateurs font ici un parallèle avec le récit d'Akan en Josué 7. Josué c'est l'histoire, fortement légendaire et constituée, bien plus tard que les événements qu'elle décrit, comme un récit de propagande qui relate la colonisation militaire de Canaan, par l'extermination des peuples autochtones, sous la direction d'un chef charismatique, appelé Josué. Dans le chapitre 7, les hébreux sont en train de perdre, et Dieu, qui parle directement et facilement dans ce livre, indique à Josué que c'est à cause de l'un d'entre eux , qui a dérobé des biens qui étaient sous anathème. Le coupable est finalement désigné, c'est le dénommé Akan et donc celui-ci, ainsi que toute sa famille et ses biens seront brûlés et lapidés, et tout rentrera dans l'ordre.
Selon des commentateurs notre passage, ce serait le même système qui s'appliquerait ici, le même modèle d'un Dieu qui ne fait pas de quartier. Or cette mise en parallèle est erronée. Déjà, Ananias et Saphira n'ont rien volé, ils ont juste menti. Dieu dans notre texte ne parle pas, c'est Pierre qui l'évoque voire l'invoque. Donc ce n'est pas un retour à la brutalité du livre de Josué, c'est autre chose mais alors c'est quoi ?
D'abord, vous en conviendrez, c'est insupportable. Que vient faire un tel texte dans le nouveau testament. Qu'est-ce que cette proto église au nom d'un Christ qui était remarquable dans sa faculté de pardonner, y compris à des collecteurs d’impôts, fraudeurs institutionnels, et aussi à d'autres pécheurs et pécheresses, quelle est donc cette église au nom du Christ, qui non seulement ne pardonne pas, mais qui en plus ne laisse aucune chance à la réparation? Et qui suscite la crainte , au lieu de la joie et l'espérance? 11 Une grande crainte saisit toute l'Eglise et tous ceux qui apprirent cela. D'autant plus de la part de l'auteur présumé Luc, qui a écrit l'évangile des pauvres et présenté un Jésus particulièrement remarquable dans sa faculté de pardonner.
Certains commentateurs, frappés par cette contradiction disent que ce texte est une interpolation , un texte qui a été ajouté là par un courant différent, par un autre rédacteur, a priori pour valoriser l'autorité de Pierre, au moment de la constitution de l'église institutionnelle qui comme vous le savez forcément a pris Pierre, qui sera appelé « le prince des apôtres » par l'église devenue catholique, comme socle. Pierre n'est plus simplement un apôtre – et rappelons-le, le disciple qui a menti pour sauver sa peau pendant le procès de Jésus (Voir Luc chapitre 22), il devient ici celui qui a les clés de la vie et de la mort, qui envoie à la mort des menteurs, qui devient un juge puissant et l'église n'est plus simplement cette multitude de joie communautaire et partageante, mais l'endroit du jugement. Intéressant comme hypothèse.
Mais il y a une constatation plus intéressante à faire et moins hypothétique. En filigrane, le livre des Actes raconte aussi la disparition progressive de ce Pierre. Pierre est mentionné jusqu'au chapitre 12, et les 16 chapitres suivants n'en parlent pas, cela au profit d'Etienne, brièvement mais spectaculairement, de Jacques, mais surtout de Paul, qui est la figure, encore une fois, la plus largement mentionnée dans le livre des Actes.
Cet événement sombre ne serait-il pas finalement le début de l'ombre qui va s'abattre sur cet apôtre? L'annonce que ce genre de récit et de manifestation n'a plus à avoir cour dans cette proto-église, que ce n'est définitivement plus le chemin à prendre? Qu'il y a véritablement une nouvelle alliance avec de nouvelles modalités, mises en valeur par Paul, en référence duquel s'est bâtie, par exemple, le mouvement de la Réforme ? Une alliance détachée enfin de la geste sans concession et très exclusive de Josué? Donc oui, peut-être que ce texte est là, un texte qui ne dit rien d'autre sur Dieu que ce que dit Pierre, est là ou n'est là que pour nous dire ceci: voici le chemin, l'attitude, la théologie que désormais nous devons abandonner. Pour une discipline qui ne sera non plus celle du jugement, mais celle du pardon.
Maintenant, faisons le point. Que j'introduis par une question destinée à faire réfléchir.
Quelle différence y a t -il entre une secte, un club, et ce que devrait être une église ?
Une secte, même si elle vous fait croire que vous êtes un privilégié, vous permettra toujours et très facilement d'y entrer, mais vous empêchera par toutes sortes d'emprises, d'en sortir.
Un club, vous n'y entrerez que très difficilement, par cooptation ou/et par des sommes d'argent considérables. En revanche, vous pourrez très facilement en sortir (mais en général, vous ne voudrez pas).
Une église devrait être un endroit dans lequel vous n'aurez aucune difficulté pour y entrer ni pour en sortir.
C'est ce que j'espère est notre église de Port Royal Quartier Latin, et les églises protestantes classiques ont beaucoup travaillé pour sortir de la catégorie du club réservé, car avouons le, il n'y a pas si longtemps, les protestants fonctionnaient un peu entre eux, comme un club.
Voilà pour la typologie: secte, club, église. L'église est sans cesse menacée, si elle n'y prend garde de tomber dans la catégorie du club, ou pire encore, dans celle de la secte.
Mais il y a une autre catégorie, face à laquelle nous devons rester très vigilants, parce qu'elle bénéficie en général d'un a priori favorable: celle de la communauté.
Ce texte central illustre la tentation de la communauté. Mettre en commun tous les biens, c'est éminemment communautaire, mais ce qui arrive à Ananias et Saphira illustre la dérive de ce qu'il faut bien appeler un communautarisme. L'église communauté absolue, c'est celle du moment où elle ne « se sent plus » et invente en son sein une juridiction particulière qui devient, le texte le dit, une fabrique de terreur.
Une secte est une communauté qui en général a dérivé pour jeter de la terreur sur ses membres. L'église institutionnelle a suscité au cours de sa longue histoire, au nom de la préservation présumée de son intégrité, anathèmes, mises à l'index, condamnations, exécutions et jugements, pour le nom du Christ. Non pas pour le nom de ce Christ que vous connaissez, mais au nom du Christ dit « Pantocrator » « tout puissant » , en majesté, le Christ de la fin des temps et du jugement, celui que vous trouvez sur le tympan de cathédrales.
Quand nos paroisses dans leurs bulletins se désignent comme une communauté, je tique. Ce mot en effet n'existe pas dans le nouveau testament. Celui qu'on y trouve c'est le mot grec « koinonia » qui signifie « communion ». Ce qui est tout différent. La communion désigne le lien entre les croyants, la communauté désigne le groupe auto-identifié de ces croyants. Ce n'est pas une nuance faible, cela n'a en fait absolument rien à voir.
L'église, frères et sœurs , n'est pas une communauté, même soft. Vous ne voulez pas mettre tous vos biens en commun mais ne voulez pas non plus risquer la mort comme Ananias et Saphira au cas où vous en garderiez un peu pour vous? Et bien ne le faites pas car personne ne vous le demande. Et heureusement d'ailleurs !
L'église c'est une assemblée issue d'un appel, littéralement. C'est le mouvement de personnes ayant entendu un appel et qui se découvrent en assemblée. Cette assemblée, ce moment d'assemblée qui écoute la parole de Dieu et pratique le service et prend le repas du Seigneur , est éphémère. Ce moment est de l'ordre de l’événement et non de l'institution. Il se produit quand il se produit. Le temple, l'organisation n'en sont que les écrins facilitateurs.
Le protestantisme est le seul mouvement religieux au monde qui a compris cela: ne pas définir la religion sous le type communautaire. Fondamentalement. Et même si sociologiquement, il est compris comme cela, ce n'est pas du tout la mélodie protestante originelle.
Evidemment cela demande un certain sens de l'équilibre, un jeu permanent, une réflexion , une vigilance permanentes pour tout de même avoir une force suffisante de personnes pour que celles ci annoncent l'évangile du Christ, pour qu'entre ces personnes se fassent une amicalité permettant de panser les plaies du monde et pour trouver du réconfort, mais ce ne sera jamais une communauté, ni un club, ni une secte.
C'est l'église, constituée d’événements sur le chemin du règne de Dieu.
AMEN
Tous les textes
CONDUCTEUR DU CULTE DU 27 AVRIL 2025
MUSIQUE : Alexander Martin , Mana Inagaki
LA SALUTATION [pasteur]
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait le ciel et la Terre.
Que chacun de nous reçoive de lui : la vie, la joie profonde et la paix parfaite, qui seules viennent de Dieu
DEBOUT
LA LOUANGE [pasteur]
Je t'aime Seigneur,
toi qui es ma force, mon rocher, ma forteresse, mon libérateur, la force qui me sauve, ma haute retraite.
Je m'écrie: loué soit le Seigneur !
Tu élargis le chemin sous mes pas, et mes pieds ne chancellent point.
Tu m'as mis au large, tu m'as délivré, à cause de ton amour pour moi
Ps 146b, page 164, str. 1 à 5
ASSIS
LA PRIERE DE CONVERSION [ENSEMBLE] [pasteur]
Notre Dieu, notre repentance n'aurait
pas assez de force si nous n'avions pas
dans notre cœur la sensation d'une
grâce infinie. Je retourne vers Toi
Seigneur, là où tu es, dans la
bienveillance et la paix.
12-15, page 190, str. 1
L'ANNONCE DU PARDON [lecteur]
Voici ce que dit l’Éternel :
"J’ai effacé ta faute comme la lumière gagne sur la nuit épaisse,
et j’ai effacé le mal que tu as fait comme le vent chasse un nuage.
Tu peux revenir à moi sans crainte, car je t’aime dès maintenant et pour toujours."
Sûrs du pardon de Dieu, manifesté en Jésus-Christ, marchons avec confiance et assurance, avec et par l’Esprit de Dieu.
Ta foi t’a sauvé, va en paix.
12-15, page 190, str. 4
DEBOUT
L'EXPRESSION DE LA VOLONTÉ DE DIEU [lecteur]
Écoutons une parole de Jésus:
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée: c'est là le premier et le grand commandement.
Et voici le second qui lui est semblable: tu aimeras ton prochain comme toi-même.
12-15, page 190, str. 5 et 7
ASSIS
LA PRIÈRE D'ILLUMINATION [lecteur]
Prions
O notre Dieu, source intarissable de tous biens, nous te bénissons pour les dons de ton amour.
Fais nous la grâce d'écouter ta Parole avec attention, avec respect, avec un vrai désir de recevoir ce qu'elle promet et de pratiquer ce qu'elle ordonne.
Grave-la, non seulement dans nos esprits, mais encore dans notre cœur.
LECTURES [texte suivi, 3 lecteurs dont le pasteur]
ACTES 4 [lecteur 1]
32 La multitude de ceux qui étaient devenus croyants était un seul cœur et une seule âme. Personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais tout était commun entre eux. 33Avec une grande puissance, les apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grande grâce était sur eux tous. 34Parmi eux, en effet, personne n'était dans le dénuement ; car tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de ce qu'ils avaient vendu 35et le déposaient aux pieds des apôtres ; et l'on distribuait à chacun selon ses besoins.
36 Ainsi Joseph, surnommé par les apôtres Barnabé (ce qui se traduit « Fils d'encouragement »), un lévite originaire de Chypre, 37vendit une terre qu'il possédait, apporta l'argent et le déposa aux pieds des apôtres.
ACTES 5 [pasteur]
1 Or un nommé Ananias, avec Saphira, sa femme, vendit aussi une propriété ; 2avec le consentement de sa femme, il détourna une partie du prix, puis il apporta le reste et le déposa aux pieds des apôtres. 3 Pierre lui dit : Ananias, pourquoi le Satan a-t-il rempli ton cœur, que tu mentes à l'Esprit saint en détournant une partie du prix du champ ? 4 Lorsque celui-ci était encore à toi, ne pouvais-tu pas le garder ? Et même quand il a été vendu, son prix ne restait-il pas sous ton autorité ? Comment as-tu pu envisager pareille action ? Ce n'est pas à des humains que tu as menti, mais à Dieu ! 5 Quand Ananias entendit cela, il tomba et expira. Une grande crainte saisit tous ceux qui l'apprirent. 6Les jeunes gens se levèrent, l'enveloppèrent, l'emportèrent et l'ensevelirent.
7Environ trois heures plus tard, sa femme entra, sans savoir ce qui était arrivé. 8Pierre lui demanda : Dis-moi, est-ce bien à tel prix que vous avez vendu le champ ? Oui, répondit-elle, c'est bien à ce prix-là. 9 Alors Pierre lui dit : Comment avez-vous pu vous accorder pour provoquer l'Esprit du Seigneur ? Sache-le : ceux qui ont enseveli ton mari sont à la porte ; ils t'emporteront aussi ! 10 A l'instant même, elle tomba à ses pieds et expira. Les jeunes gens, à leur entrée, la trouvèrent morte ; ils l'emportèrent et l'ensevelirent auprès de son mari. 11 Une grande crainte saisit toute l'Eglise et tous ceux qui apprirent cela.
[lecteur 2]
12 Beaucoup de signes et de prodiges se produisaient dans le peuple par les mains des apôtres. Ils se tenaient tous, d'un commun accord, au portique de Salomon. 13 Parmi les autres, personne n'osait se joindre à eux ; mais le peuple les magnifiait. 14 De plus en plus de gens croyaient au Seigneur, une multitude d'hommes et de femmes. 15 On apportait les malades dans les grandes rues et on les plaçait sur des litières et des grabats, pour qu'à la venue de Pierre son ombre au moins puisse couvrir l'un ou l'autre. 16 La multitude accourait aussi des villes voisines de Jérusalem, portant des malades et des gens perturbés par des esprits impurs ; et tous étaient guéris.
MUSIQUE
LA PRÉDICATION [pasteur]
Trois récits qui se suivent, trois ambiances.
Le premier exalte le nombre, l'unité et la discipline de la mise en commun des biens dans ce qu'on appellera la proto église du point de vue de l'auteur du livre des apôtres
Le deuxième, apparemment, décrit un anathème contre chaque personne d'un couple qui a enfreint non pas la règle de la mise en commun, mais le devoir de sincérité envers l'Esprit de Dieu.
Le troisième passage décrit la grande popularité de cette proto église, particulièrement à cause de son service envers les possédés et les malades.
Quelques mots sur le livre des actes, mais je vous invite à vous référer aux introductions de vos bibles pour une présentation de plus grande ampleur.
Le livre des Actes des Apôtres, dont l'auteur présumé est celui qui a composé l'évangile selon Luc, raconte comment, après la résurrection de Jésus, ses disciples (les apôtres) sont envoyés pour annoncer l'Évangile dans le monde connu de l'époque. Ce livre commence avec l'ascension de Jésus et la Pentecôte, où l'Esprit Saint descend sur les apôtres, les transformant en témoins volubiles.
Pierre est d'abord le personnage principal : il prêche, guérit, et joue un rôle clé dans l'ouverture de l'Église aux non-Juifs, notamment avec la conversion du centurion Corneille. Mais peu à peu, l'attention se déplace vers Paul (anciennement Saul), d'abord persécuteur des croyants en Jésus comme Christ, puis converti sur le chemin de Damas. Paul voyage beaucoup, fonde des églises, débat avec les autorités religieuses et politiques, et subit à son tour de nombreuses persécutions.
Au fil du livre, l'Église passe d'un petit groupe on va dire juif selon les acceptions pour l'époque de ce terme, à un mouvement à prétention universelle et ouvert à tous les peuples. Pierre initie ce changement, mais c'est surtout Paul qui porte cette dynamique jusqu'à Rome, centre du monde antique, où il sera emprisonné.
Les personnages principaux sont initialement Pierre, en passant par Etienne, puis Paul, qui est le plus abondamment cité dans ce livre et aussi Jacques, le frère de Jésus, leader de l'église de Jérusalem, qui jouera un rôle important voire décisif lors de la réunion appelée concile p ar la tradition postérieure, qui a lieu dans cette ville à propos de l'attitude ouverte qui devra être réservée aux non-juifs. Si vous êtes protestants, ne dites pas « concile de Jérusalem » ou « synode de Jérusalem » mais réunion à Jérusalem. Je n'irai pas jusqu'à proposer « un conseil presbytéral, accueillant des invités, pour examiner une possible nouvelle orientation »
Voilà donc pour la présentation, du texte que vous avez sous les yeux, et de son contexte global.
Mais maintenant regardons le texte central. Au milieu de cette croissance extraordinaire , de cette disciplinAjouter un paragraphee de partage, et de cette effervescence dans le service aux plus démunis, il y a deux morts.
Ananias et Saphira, son épouse. Pourquoi meurent-ils? Non pas parce qu'ils n'ont pas partagé, comme l'a fait ce Barnabé, mis en valeur dans le premier passage, le bon élève donc, mais parce qu'ils ne l'ont pas fait intégralement tout en prétendant l'avoir fait. Comment meurent-ils? Une petite nuance entre les deux: le mari meurt après avoir entendu, de la bouche de Pierre, la révélation de son méfait. La femme meurt tout aussi brutalement, mais après l'annonce du décès de son mari et après la prophétie, qu'on pourrait appeler malédiction de Pierre à son égard: ceux qui ont enseveli ton mari sont à la porte ; ils t'emporteront aussi ! Qui les as tués tous les deux? Ce fait n'est nullement indiqué. Il n'est pas indiqué que c'est directement de la main de Pierre, ni même indiqué par le narrateur que c'est Dieu qui les as tués à cause de leur fraude. Mais cette dernière hypothèse est fortement sous entendue, à travers la bouche de Pierre, qui affirme au mari qu'il a menti au Saint Esprit, et à l'épouse que tous deux auraient provoqué, tenté, ce même Saint Esprit . Je dis cela au passage mais on a ici, comme un lapsus, la coutumière évocation, quand on s’adresse à la femme, de la femme provocatrice et tentatrice .
Presque tous les commentateurs font ici un parallèle avec le récit d'Akan en Josué 7. Josué c'est l'histoire, fortement légendaire et constituée, bien plus tard que les événements qu'elle décrit, comme un récit de propagande qui relate la colonisation militaire de Canaan, par l'extermination des peuples autochtones, sous la direction d'un chef charismatique, appelé Josué. Dans le chapitre 7, les hébreux sont en train de perdre, et Dieu, qui parle directement et facilement dans ce livre, indique à Josué que c'est à cause de l'un d'entre eux , qui a dérobé des biens qui étaient sous anathème. Le coupable est finalement désigné, c'est le dénommé Akan et donc celui-ci, ainsi que toute sa famille et ses biens seront brûlés et lapidés, et tout rentrera dans l'ordre.
Selon des commentateurs notre passage, ce serait le même système qui s'appliquerait ici, le même modèle d'un Dieu qui ne fait pas de quartier. Or cette mise en parallèle est erronée. Déjà, Ananias et Saphira n'ont rien volé, ils ont juste menti. Dieu dans notre texte ne parle pas, c'est Pierre qui l'évoque voire l'invoque. Donc ce n'est pas un retour à la brutalité du livre de Josué, c'est autre chose mais alors c'est quoi ?
D'abord, vous en conviendrez, c'est insupportable. Que vient faire un tel texte dans le nouveau testament. Qu'est-ce que cette proto église au nom d'un Christ qui était remarquable dans sa faculté de pardonner, y compris à des collecteurs d’impôts, fraudeurs institutionnels, et aussi à d'autres pécheurs et pécheresses, quelle est donc cette église au nom du Christ, qui non seulement ne pardonne pas, mais qui en plus ne laisse aucune chance à la réparation? Et qui suscite la crainte , au lieu de la joie et l'espérance? 11 Une grande crainte saisit toute l'Eglise et tous ceux qui apprirent cela. D'autant plus de la part de l'auteur présumé Luc, qui a écrit l'évangile des pauvres et présenté un Jésus particulièrement remarquable dans sa faculté de pardonner.
Certains commentateurs, frappés par cette contradiction disent que ce texte est une interpolation , un texte qui a été ajouté là par un courant différent, par un autre rédacteur, a priori pour valoriser l'autorité de Pierre, au moment de la constitution de l'église institutionnelle qui comme vous le savez forcément a pris Pierre, qui sera appelé « le prince des apôtres » par l'église devenue catholique, comme socle. Pierre n'est plus simplement un apôtre – et rappelons-le, le disciple qui a menti pour sauver sa peau pendant le procès de Jésus (Voir Luc chapitre 22), il devient ici celui qui a les clés de la vie et de la mort, qui envoie à la mort des menteurs, qui devient un juge puissant et l'église n'est plus simplement cette multitude de joie communautaire et partageante, mais l'endroit du jugement. Intéressant comme hypothèse.
Mais il y a une constatation plus intéressante à faire et moins hypothétique. En filigrane, le livre des Actes raconte aussi la disparition progressive de ce Pierre. Pierre est mentionné jusqu'au chapitre 12, et les 16 chapitres suivants n'en parlent pas, cela au profit d'Etienne, brièvement mais spectaculairement, de Jacques, mais surtout de Paul, qui est la figure, encore une fois, la plus largement mentionnée dans le livre des Actes.
Cet événement sombre ne serait-il pas finalement le début de l'ombre qui va s'abattre sur cet apôtre? L'annonce que ce genre de récit et de manifestation n'a plus à avoir cour dans cette proto-église, que ce n'est définitivement plus le chemin à prendre? Qu'il y a véritablement une nouvelle alliance avec de nouvelles modalités, mises en valeur par Paul, en référence duquel s'est bâtie, par exemple, le mouvement de la Réforme ? Une alliance détachée enfin de la geste sans concession et très exclusive de Josué? Donc oui, peut-être que ce texte est là, un texte qui ne dit rien d'autre sur Dieu que ce que dit Pierre, est là ou n'est là que pour nous dire ceci: voici le chemin, l'attitude, la théologie que désormais nous devons abandonner. Pour une discipline qui ne sera non plus celle du jugement, mais celle du pardon.
Maintenant, faisons le point. Que j'introduis par une question destinée à faire réfléchir.
Quelle différence y a t -il entre une secte, un club, et ce que devrait être une église ?
Une secte, même si elle vous fait croire que vous êtes un privilégié, vous permettra toujours et très facilement d'y entrer, mais vous empêchera par toutes sortes d'emprises, d'en sortir.
Un club, vous n'y entrerez que très difficilement, par cooptation ou/et par des sommes d'argent considérables. En revanche, vous pourrez très facilement en sortir (mais en général, vous ne voudrez pas).
Une église devrait être un endroit dans lequel vous n'aurez aucune difficulté pour y entrer ni pour en sortir.
C'est ce que j'espère est notre église de Port Royal Quartier Latin, et les églises protestantes classiques ont beaucoup travaillé pour sortir de la catégorie du club réservé, car avouons le, il n'y a pas si longtemps, les protestants fonctionnaient un peu entre eux, comme un club.
Voilà pour la typologie: secte, club, église. L'église est sans cesse menacée, si elle n'y prend garde de tomber dans la catégorie du club, ou pire encore, dans celle de la secte.
Mais il y a une autre catégorie, face à laquelle nous devons rester très vigilants, parce qu'elle bénéficie en général d'un a priori favorable: celle de la communauté.
Ce texte central illustre la tentation de la communauté. Mettre en commun tous les biens, c'est éminemment communautaire, mais ce qui arrive à Ananias et Saphira illustre la dérive de ce qu'il faut bien appeler un communautarisme. L'église communauté absolue, c'est celle du moment où elle ne « se sent plus » et invente en son sein une juridiction particulière qui devient, le texte le dit, une fabrique de terreur.
Une secte est une communauté qui en général a dérivé pour jeter de la terreur sur ses membres. L'église institutionnelle a suscité au cours de sa longue histoire, au nom de la préservation présumée de son intégrité, anathèmes, mises à l'index, condamnations, exécutions et jugements, pour le nom du Christ. Non pas pour le nom de ce Christ que vous connaissez, mais au nom du Christ dit « Pantocrator » « tout puissant » , en majesté, le Christ de la fin des temps et du jugement, celui que vous trouvez sur le tympan de cathédrales.
Quand nos paroisses dans leurs bulletins se désignent comme une communauté, je tique. Ce mot en effet n'existe pas dans le nouveau testament. Celui qu'on y trouve c'est le mot grec « koinonia » qui signifie « communion ». Ce qui est tout différent. La communion désigne le lien entre les croyants, la communauté désigne le groupe auto-identifié de ces croyants. Ce n'est pas une nuance faible, cela n'a en fait absolument rien à voir.
L'église, frères et sœurs , n'est pas une communauté, même soft. Vous ne voulez pas mettre tous vos biens en commun mais ne voulez pas non plus risquer la mort comme Ananias et Saphira au cas où vous en garderiez un peu pour vous? Et bien ne le faites pas car personne ne vous le demande. Et heureusement d'ailleurs !
L'église c'est une assemblée issue d'un appel, littéralement. C'est le mouvement de personnes ayant entendu un appel et qui se découvrent en assemblée. Cette assemblée, ce moment d'assemblée qui écoute la parole de Dieu et pratique le service et prend le repas du Seigneur , est éphémère. Ce moment est de l'ordre de l’événement et non de l'institution. Il se produit quand il se produit. Le temple, l'organisation n'en sont que les écrins facilitateurs.
Le protestantisme est le seul mouvement religieux au monde qui a compris cela: ne pas définir la religion sous le type communautaire. Fondamentalement. Et même si sociologiquement, il est compris comme cela, ce n'est pas du tout la mélodie protestante originelle.
Evidemment cela demande un certain sens de l'équilibre, un jeu permanent, une réflexion , une vigilance permanentes pour tout de même avoir une force suffisante de personnes pour que celles ci annoncent l'évangile du Christ, pour qu'entre ces personnes se fassent une amicalité permettant de panser les plaies du monde et pour trouver du réconfort, mais ce ne sera jamais une communauté, ni un club, ni une secte.
C'est l'église, constituée d’événements sur le chemin du règne de Dieu.
AMEN
MUSIQUE
DEBOUT
LA CONFESSION DE FOI [ENSEMBLE] [pasteur]
Aujourd’hui, nous affirmons notre foi
Je crois en Dieu, notre Père,
créateur du ciel et de la terre,
créateur des choses visibles et
invisibles. Souverain dans l'aveuglante
proximité du Réel.
Je crois en Jésus-Christ comme son fils
bien-aimé, notre Seigneur venu nous
parler.
De la vérité au milieu du chemin et de la
vie.
Je crois en l'Esprit Saint,
inspiration pour le peuple et dans nos
consciences faisant de nous des
affranchi.e.s.
Je crois au Règne de Dieu,
à l'amour plus fort que la mort, et à la vie
éternelle.
Amen
13-03, page 204
ASSIS
LES ANNONCES , si possible portées par un conseiller presbytéral
Cet après midi, à la Maison Fraternelle, dernière représentation à la Maison Fraternelle du spectacle de notre association de théâtre humanitaire SCRIBE, intitulée « À l'OUEST », 17H
Dimanche prochain, 4 mai baptême de Lucia LEVI SANDRI, fille de Stella et Aurelio, sœur de Giulia.
À 18h, concert au profit du diaconat, avec Gary Hoffman (violoncelle) et David Selig (piano) , Saint-Saëns, Bonis, Magnard
L'OFFRANDE, si possible portée par un conseiller presbytéral:
avant : Voici maintenant le moment de l'offrande qui nous permet de témoigner à Dieu notre reconnaissance pour sa grâce qu'il nous offre gratuitement. Que notre geste soit à la mesure de la partie de nous mêmes que nous voulons consacrer au Seigneur.
Que ce moment d'offrande soit béni et que l'évangile soit annoncé
[…] MUSIQUE
LA PRIÈRE D'INTERCESSION [pasteur]
Seigneur,
Nous pensons aujourd’hui à tous ceux et celles qui vivent sous les bombes.
À celles et ceux dont la maison n’est plus un refuge.
Aux familles séparées par la guerre.
Aux enfants aux regards vides et affamés
Aux parents en deuil
Nous te remettons ceux et celles qui cherchent simplement un endroit sûr,
Ceux et celles qui ne rêvent même plus d'un repas chaud ou d'une nuit tranquille.
Ceux et celles qui ne rêvent même plus
Nous te remettons leur dignité devant l'effroyable
Rends nous digne à notre tour
Nous pensons à ceux et celles qui fuient, qui marchent sans savoir où aller, mais qui savent qu'ils peuvent mourir à tout instant.
Nous te prions pour tous les cœurs fermés à leurs conditions.
Ouvre les écluses Seigneur de notre compassion
Que notre amour libéré sauve enfin ce monde et que cette fuite en avant vers le néant s'arrête
Nous portons maintenant devant toi les personnes fatiguées par leur quotidien,
Celles qui affrontent la maladie, Celles qui perdent leur travail,
Celles qui se sentent seules, même au milieu des autres, même au milieu de nous
Nous pensons aussi à notre assemblée, ici, maintenant.
Tu connais nos histoires, nos inquiétudes, nos espoirs brisés ou encore vivaces
Aide-nous à être là les uns pour les autres,
À dire les mots qui apaisent,
À accomplir les gestes qui relèvent.
Amen.
NOTRE PÈRE [pasteur]
DEBOUT
ACTION DE GRÂCE [pasteur]
PAR LE CHANT (« apprentissage , connu, mais peu chanté)
42-01, page 621, les 3 strophes
PAR L' EXHORTATION MUTUELLE [ENSEMBLE] [pasteur]
PSAUME 103 1 À 6
Mon âme, bénis l'Éternel! Que tout ce
qui est en moi bénisse son saint nom! Mon âme, bénis l'Éternel, Et n'oublie
aucun de ses bienfaits! C'est lui qui pardonne toutes tes
iniquités, Qui guérit toutes tes maladies; C'est lui qui délivre ta vie de la fosse, Qui
te couronne de bonté et de miséricorde;C'est lui qui rassasie de biens ta
vieillesse, Qui te fait rajeunir comme l'aigle. L'Éternel fait justice, Il fait droit à tous les
opprimés.
LA BÉNÉDICTION [pasteur]
Que l'Éternel vous bénisse et vous garde; que le Dieu de Jésus-Christ tourne sa face vers vous et vous donne la paix du coeur et les trésors que personne ne peut vous ravir.
Allez en paix, chers frères et soeurs. Que Dieu demeure avec vous et avec les vôtres, avec les présents et avec les absents, avec les vivants et avec les morts, pour le temps et pour l'éternité.
ASSIS
MUSIQUE